Algérie

Alger-Lagos, un projet pharaonique aux retombées encore faibles



Alger-Lagos, un projet pharaonique aux retombées encore faibles
La route transafricaine Alger-Lagos, longue de 4.500 kilomètres, est sur le point d'être achevée sur son axe central, mais son impact économique reste faible. Le projet suscite de nouveau un vif intérêt, particulièrement avec l'instabilité qui domine dans la région du Sahel.
C'est une route mythique, qui a longtemps fait rêver les aventuriers. Elle relie Alger à Lagos, sur 4.500 kilomètres. Lancée il y a trente ans, il ne reste plus, pour en achever l'axe central, que 250 kilomètres au Niger, pour pouvoir aller de la Méditerranée au Golfe de Guinée.
En plus de cet axe, le projet prévoit des extensions vers le Mali, sur 700 kilomètres, vers le Tchad, sur 450 kilomètres, et vers la Tunisie, à partir de Ghardaïa, en Algérie. Le Tchad, grâce aux revenus pétroliers, a lancé les travaux pour réaliser la partie qui le concerne, et le Niger, malgré les difficultés, a fait l'essentiel. Seule la partie malienne pose problème, car le pays ne dispose pas des ressources nécessaires et peine à trouver des financements auprès des bailleurs de fond, qui trouvent le projet pas suffisamment rentable.
Quant au Nigeria et à l'Algérie, tous deux disposant de financements nécessaires grâce au pétrole, ils ne connaissent pas de problème particulier. Le premier a achevé les 1.630 kilomètres construits sur son territoire, alors que l'Algérie va réaliser des extensions, notamment pour relier Tamanrasset à Timiaouine et compléter les 3.800 kilomètres prévues sur son territoire. Ces deux pays ont eu recours au budget de l'Etat pour financer le projet alors que les autres ont sollicité des crédits bancaires et des dons. En Algérie, les premiers travaux ont été réalisés par l'armée, qui avait lancé la transsaharienne, dans les années 1970.
Ce projet gigantesque devrait remodeler des régions entières, dans les six pays concernés (Nigeria, Algérie, Niger, Mali, Tchad et Tunisie). Mais pour l'heure, son impact économique reste faible voire insignifiant, selon M. Mohamed Ayadi, secrétaire général du comité de suivi de la transsaharienne, la partie algérienne du projet.
Mohamed Ayadi a ainsi relevé le faible impact de cette route sur les échanges de l'Algérie avec ses voisins, qui restent inférieurs à un pour cent du total de ses échanges. Mais ceci peut changer quand le projet sera achevé car, a-t-il noté, le Niger et le Nigeria, entre lesquels celui-ci est arrivé à terme, réalisent entre eux le plus fort taux d'échange enregistré entre deux pays africains.
M. Ayadi a également relevé que le projet a été précisément conçu pour assurer le désenclavement et offrir « une base pour le développement des échanges » entre ces pays, qui étaient inexistants.
Un atout contre la menace terroriste
Pour la partie algérienne, les transformations réalisées sont déjà importantes. Tamanrasset est passée de 20.000 à 100.000 habitants. Elle abrite une université, le siège de la 6ème région militaire et elle a acquis une position centrale dans le dispositif de lutte contre le terrorisme au Sahel. En parallèle a été réalisé un transfert d'eau sur 1.000 kilomètres entre In Salah et Tamanrasset, pour un coût de trois milliards de dollars. Quant à la route elle-même, elle est revenue en moyenne à 40 millions de dinars le kilomètre (400.000 dollars), selon M. Ayadi.
A terme, devrait se greffer à cette route un projet de gazoduc reliant le Nigeria à l'Algérie, pour transférer le gaz nigérian vers l'Europe, sans passer par l'étape liquéfaction, très coûteuse.
En plus de son volet structurant, le projet a acquis une importance politique majeure, particulièrement avec l'instabilité qui prévaut dans le Sahel. La présence de Boko Haram au nord du Nigeria, de Ansar Eddine, d'Al-Qaïda au Maghreb islamique et du Mouvement pour l'unicité du Jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) dans la région du Sahel, parallèlement à l'instabilité au Mali et en Libye et à la fragilité traditionnelle du Niger et du Tchad, devrait inciter les pays concernés à relancer le projet pour en assurer l'achèvement dans des délais rapides. Fait symptomatique : le Mali, pays où le projet est le moins avancé, est également celui qui est le plus menacé par l'instabilité et la présence de groupes terroristes.
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