Algérie

Alger «La Parisienne», le marteau piqueur et une pétition



Barakat ! Tel est le mot utilisé par des architectes et des acteurs de la société civile pour exprimer, à travers une pétition qui est encore ouverte et qui comporte jusqu'à l'heure 1.878 signataires, leur désarroi quant au devenir du patrimoine architectural algérois. Ils dénoncent les expertises faites à la légère et les opérations de démolition qui visent des anciennes bâtisses à Alger, voire l'âme de la ville d'Alger. «La démolition de l'immeuble abritant la fameuse boulangerie «La Parisienne» avec un marteau piqueur nous a choqués». Telle est la réaction de l'architecte Larbi Marhoum quelques jours après de l'effondrement d'une dalle de l'immeuble en question, entraînant ainsi la blessure à deux ouvriers ainsi qu'à deux pompiers de la protection civile. L'effondrement intervient, comme par hasard, au moment où des architectes ainsi que des associations de la société civile ont monté une pétition pour sensibiliser les pouvoirs publics, sur la nécessité de préserver le vieux bâti qui demeure tout de même «un patrimoine culturel». Est-ce qu'il fallait conforter l'immeuble ou le démolir ? Larbi Marhoum a refusé de répondre à cette question. «Je suis un architecte et non pas un ingénieur», a-t-il précisé, en enchaînant, «vous trouvez la réponse chez les ingénieurs du contrôle des constructions, en l'occurrence le CTC», dira-t-il en ajoutant «il est vrai que le CTC avait classé le bâtiment dans la classe rouge après le séisme de l'année 2003, mais si on a payé plus pour une expertise approfondie pour qu'on évitera la démolition et pour qu'on puisse consolider l'immeuble, les ingénieurs du CTC auront sûrement trouvé des solutions» a-t-il précisé en ajoutant «c'est une question de volonté des pouvoirs publics de vouloir préserver le patrimoine architectural et culturel de l'Algérie» a-t-il mentionné. L'architecte Larbi Marhoum a remis en cause, à vrai dire, les expertises qui se font dans la précipitation, «le CTC avait expertisé en une année 1.700 bâtiments en 2006, des expertises qui se font à la légère puisqu'il est impossible d'expertiser minutieusement l'état des bâtisses à la fois, dans une courte durée» a-t-il fait savoir, «je me demande comment vont-ils faire pour expertiser 10. 800 bâtisses à travers 13 communes ?» s'est-il interrogé. Le président du conseil national des architectes, Abdelhamid Boudaoud, a, lui aussi, remis en cause ces expertises qui se font à la hâte et qui se limitent à classer les bâtisses dans la classe «Vert», «Orange» ou «Rouge». Il a préconisé une stratégie au lieu de se contenter d'une politique de chiffres et de nombres. «On devra en principe recenser et expertiser, commune par commune, tous le vieux bâtis, on établira un carnet de santé de chaque ancienne bâtisse avec évidemment une expertise basée sur une analyse approfondie avec toutes les solutions possibles et on décidera d'entamer les travaux selon le portefeuille disponible» a-t-il tenu à dire. En ce qui concerne l'immeuble de «La Parisienne», Abdelhamid Boudaoud a affirmé que l'édifice a été sérieusement fragilisé en raison des transformations occasionnées par les propriétaires de la boulangerie. «Ils ont supprimé les poteaux de base qui maintenaient toute la bâtisse» a-t-il précisé, en ajoutant : «après ce temps-là, la bâtisse continuait de subir la pression des travaux de métro qui ont fragilisé ces piliers et l'ensemble du tissu urbain d'Alger». Parlant de la possibilité de conforter l'immeuble de «La Parisienne», Abdelhamid Boudaoud est allé plus loin : «ce n'est pas uniquement l'immeuble de «La Parisienne» qui doit être conforté mais 90% des anciennes bâtisses d'Alger devront être consolidées». Si certains architectes estimaient qu'il était possible de réhabiliter l'immeuble «La Parisienne», le nouveau propriétaire de l'immeuble, en l'occurrence M'hamed Sahraoui, que nous avons contacté, a prouvé le contraire. Il a avancé que l'immeuble de «La Parisienne» a été construit en 1904, avec des mesures de constructions très anciennes, «l'immeuble est dépourvu de structures sous-jacentes et de chaînage, sa force réside dans ses murs porteurs et de plancher», a-t-il fait savoir. Il affirmé que l'immeuble a été classé dans la classe rouge par le CTC à la suite du séisme en 2003. M'hamed Sahraoui a précisé que les travaux ont commencé depuis un mois et demi. «Des articles de presse ont parlé de travaux qui ont débuté depuis années, mais j'affirme que je suis devenu propriétaire de l'immeuble «La Parisienne» vers la mi-novembre et c'est à partir de cette date que les travaux de démolition ont été entamés». Pourquoi les signataires de la pétition se sont manifestés uniquement lors de la démolition de l'immeuble «La Parisienne», sachant qu'auparavant les autorités locales ont procédé à la démolition de 560 bâtisses à Alger ? Les initiateurs de la pétition ont affirmé que l'immeuble «La Parisienne» est connu par tout le monde, c'est un symbole qu'on a voulu utiliser pour sensibiliser l'opinion publique sur la maladie «d'Alzheimer» qui ronge notre capitale. Signalons qu'au moment où les pouvoirs publics, plus précisément les autorités locales de la wilaya d'Alger, décrètent que 70 bâtisses à Alger doivent être démolies, les signataires de la pétition, qui circule encore sur le site Internet «SOSalger.reunis.fr», réclament la préservation du vieux bâti de la ville d'Alger en affirmant avoir le droit de revendiquer ce bien commun. Ils ont dénoncé les simples expertises orientées, le vague justificatif de propriété et surtout le marteau piqueur, «des moyens qui vont certainement effacer une part de notre mémoire, notre vécu, de notre urbain, bref de notre patrimoine algérois» lit-on dans la pétition publiée sur le net. Enfin, les initiateurs de cette pétition appellent l'ensemble des grandes et petites villes de monter des pétitions du genre et de créer des associations SOS, et ce, pour préserver le vieux bâti de toute l'Algérie. UNE FNAC A LA PLACE DE LA FAMEUSE BOULANGERIE  «LA PARISIENNE»


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