Les différentes entreprises qui se sont succédé dans l’édifice, ont réalisé de menus travaux d’urgence: confortement des deux minarets touchés de plein fouet par le séisme de 2003.
"La mosquée Ketchaoua, reprise aux colons, est le symbole de notre dévouement."
Le vers, traduit certes maladroitement, est tiré de l’Iliade du poète Moufdi Zakaria, lue à l’occasion du Colloque sur la pensée islamique, tenu en 1972. Le poème est inscrit sur une plaque de marbre, placée sur le perron de la mosquée Ketchaoua. Les fidèles ne l’apercevront pas avant longtemps. La raison: la mosquée est toujours fermée.
Les travaux de restauration, lancés à la fin de l’année 2008, par l’Office de gestion et d’exploitation des biens culturels protégés (OGBC), placé sous la tutelle du ministère de la Culture, n’ont pas été achevés à ce jour. Les différentes entreprises qui se sont succédé dans l’édifice ont réalisé de menus travaux d’urgence: confortement des deux minarets touchés de plein fouet par le séisme de 2003. Sans plus. Sur place, des échafaudages sont entreposés à l’intérieur de la structure complètement encombrée.
La peinture des murs de la nef s’est écaillée, le sol est jonché d’objets hétéroclites, le minbar est caché par des barres de fer, les lustres sont noircis par la suie et la poussière. Seul un tapis est étalé à proximité de la niche par un prieur solitaire. Confiés dans un premier temps au ministère de la Culture, les travaux de restauration ont été repris par le département de Ghlamallah, provoquant un malaise parmi les services de la culture de la wilaya d’Alger, qui n’ont pas pu mener à terme leur projet pour absence d’entrepreneurs et d’architectes qualifiés, se justifie-t-on.
Convié au Forum d’El Moudjahid, Ghlamallah a précisé que la restauration de la mosquée Ketchaoua, qui est «un monument historique, religieux et culturel et un symbole de la ville d’Alger», toucheront, rapporte l’APS, «les fondations du site et pas seulement le minaret, à travers, notamment, le pompage des eaux stagnantes».
Le ministre a fait savoir qu’il n’était pas satisfait des premiers travaux qui s’étaient limités au minaret, soulignant que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, l’avait mandaté pour veiller à la restauration des vieilles mosquées.
Il a indiqué que le ministère a élaboré une étude sur ce monument, en collaboration avec une société spécialisée dans la restauration des anciens édifices (Xavier David du groupe Gérard, Ndlr).
Le ministre avait déclaré, mi-janvier dernier, que cette société, qui entreprendra des travaux de restauration à la mosquée Ketchaoua, a déjà pris en charge la réfection de la basilique de Notre Dame d’Afrique et qu’elle entreprenait des travaux similaires à l’église Saint-Augustin, à Annaba. Quelques jours après, l’APW d’Alger a examiné le dossier relatif aux affaires religieuses dans la wilaya.
Selon un document dont El Watan détient une copie, la mosquée Ketchaoua, visitée la veille par des élus de l’Assemblée, a connu des travaux pour lesquels plus de 5 milliards ont été dégagés.
Xavier David pour la mosquée Ketchaoua
Les travaux d’urgence ont été confiés, dans un premier temps, à l’entreprise Yahiaoua Miloud et au bureau d’études Sellali CTC-Centre, dans le cadre du plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur du secteur sauvegardé (PSMVSS) qui touche l’ensemble de la «vieille ville».
Des travaux ont été, par la suite, confiés à d’autres entreprises (Sarl Promatal Algérie). Mais toujours sans résultat probant.
Des échafaudages devraient, comme nous l’a assuré dans une précision l’OGBC, être ramenés d’Italie pour le confortement de l’édifice. L’opération ne fut pas, là aussi, d’un grand secours.
Engagé grâce à l’entremise de la présidence de la République, l’architecte Xavier David n’a, semble-t-il, pas encore engagé ses travaux annoncés pour début mai.
«Le projet connaîtra toujours des difficultés. En plus du manque d’entreprises nationales sérieuses, l’Office a eu affaire à des commerçants indélicats. L’un d’eux a même eu le culot de creuser un tunnel sous la mosquée pour agrandir son magasin, l’affaire est au niveau de la justice», s’indigne une source au niveau du ministère de la Culture qui s’étonne que le projet soit confié à un Français, alors que l’expertise nationale est «négligée».
D’autres voix font entendre un autre son de cloche.
«L’architecte français a réussi, certes, avec un montage financier conséquent, à retaper deux édifices, dans un temps record. Le sérieux manque chez les entrepreneurs algériens. Le ministère des Affaires religieuses a exigé du Français d’associer des Algériens et de lancer un chantier-école pour les métiers de restauration», regrette une source au niveau d’une direction de la wilaya, dont on taira le nom.
D’autres mosquées de La Casbah (Betchin, Djamaâ Djedid, mausolée Sidi Abderrahmane) sont concernées par des travaux de restauration, mais là aussi les travaux ne sont toujours pas achevés, ou menés maladroitement.
Le manque de coordination entre les différents intervenants (bureaux d’études, architectes, entrepreneurs, Sonelgaz, wilaya) retarde les projets auxquels des enveloppes conséquentes ont été pourtant consacrées.
Nadir Iddir
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Posté Le : 10/05/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: El Watan ; texte: Nadir Iddir
Source : El Watan.com du jeudi 9 mai 2013