Algérie

Alger - Journée nationale du patrimoine: La Casbah célébrée sous le signe du deuil



Alger - Journée nationale du patrimoine: La Casbah célébrée sous le signe du deuil


Inscrite au patrimoine universel de l’Unesco, La Casbah d’Alger a célébré ce 23 février la Journée nationale du patrimoine.

C’est à travers cette journée nationale que le président de la Fondation Casbah, M. Ali Mebtouche, a saisi l’occasion, lors d’une conférence organisée au siège de ladite fondation, afin de tirer la sonnette d’alarme quant à l’état de ce patrimoine en déperdition dont la symbolique vient chaque année rappeler une réalité navrante.

Au-delà de l’effet d’annonce sur la situation de la vieille citadelle à l’image des précédentes éditions, le président de la fondation a brossé encore une fois un tableau des plus affligeants lors de cette rencontre. La sentence est sans appel: «La situation est de plus en plus grave», dénonce-t-il.

Notre interlocuteur, qui a réitéré son engagement pour la sauvegarde du patrimoine de La Casbah, a dénoncé de prime abord la légèreté et la passivité avec lesquelles les autorités entretiennent la problématique de la réhabilitation du patrimoine.

«Chaque année, et ce, depuis 24 ans, nous avons consacré le 23 février Journée nationale de La Casbah, comme pour nous autoriser à mieux l’oublier pendant le restant de l’année, et c’est ce qui se passe dans la stricte réalité», déplore le président.

Sur un ton ferme et des propos bruts de décoffrage, le conférencier a voulu lever la chape de plomb qui pèse sur le site.

«Nous, les enfants de la vieille citadelle, sommes les mieux habilités à connaître la situation de La Casbah comme personne. Et pour cela, notre fondation a envoyé plusieurs courriers à toutes les institutions officielles désignées pour la réhabilitation du site dans le souci d’apporter notre pierre à l’édification de ce qui reste à sauver, sauf que nos requêtes sont restées sans suite», assène M. Mebtouche qui estime que tout un arsenal juridique existe pour la préservation du site, mais qui n’est pas appliqué.

Pour appuyer ses propos, il révèle que des opérations de proximité ont été engagées par la fondation Casbah. Parmi celles-ci figure principalement le recensement de tous les propriétaires des douirette. Une procédure qui n’a pas été prise en considération par les hauts responsables.

Par ailleurs, M. Mebtouche a soulevé deux points de taille: il s’agit de la question du budget alloué à l’opération de la réhabilitation qui reste méconnu jusqu’à ce jour ainsi que les sites recensés pour la réhabilitation.

Outre l’état des lieux, le volet du relogement a été fortement décrié lors de ce débat, où il a été question de dénoncer plusieurs pratiques populistes des autorités locales qui font du relogement leurs choux gras.

«Le recasement n’est qu’un droit civique et non l’apanage des décideurs», argue-il et de continuer: «Beaucoup d’injustices ont été commises à l’égard des habitants de La Casbah dont le sort demeure compromis. Où est passé le terrain communal destiné à accueillir 400 familles à Bab Ezzouar?»

De son côté, M. Hachi Omar, l’un des membres de la fondation, a énuméré d’autres éléments de la situation de la médina d’Alger. Pour abonder dans le même sens, il a soulevé un point essentiel et non des moindres, à savoir l’exclusivité de la réhabilitation réservée aux sites historiques.

«Aucune douira n’a connu une opération de réhabilitation. Même pas une ébauche du projet. A quoi sert alors toute cette armada de bureaux d’étude engagée (54)? Quel est le vrai intérêt de l’Etat à travers cette réhabilitation?» s’interroge le conférencier.

Lors de cette rencontre, une projection vidéo a eu lieu, montrant l’état des lieux actuel d’une cité en ruine et d’une population dans l’expectative qui ne cesse d’interpeller les responsables et les alerter sur la détérioration continue d’El Mahroussa.

«Au rythme où va la dégradation de La Casbah, nous allons déclarer le patrimoine en péril et le déclasser de fait de l’Unesco», a tranché le président de la fondation Casbah.


Photo: Hier, lors de la conférence au siège de la Fondation Casbah à Alger ( Photo : el watan)

Aziz Kharoum


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