"24 milliards de dinars ont été mobilisés dans le cadre du plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur de la vieille médina d’Alger", nous apprend le directeur de l’Office national de gestion et d’exploitation des biens culturels protégés, cité par l’APS.
Rien que ça !
Une info reprise par tous les titres qui étalent des chiffres, des chiffres et rien que des chiffres, qui ne sont pas sans laisser planer le doute. Faire le point de manière aussi concise que chiche sur le programme de réhabilitation d’un site, qui a déjà englouti une manne budgétaire estimée à des dizaines de milliards (et non 24 milliards de dinars seulement), cela peut paraître désinvolte, voire facétieux.
A fortiori, lorsqu’on tait le bilan, au moment où la réalité physique du patrimoine nous invite à un constat amer, on peut souffler sur les chiffres, les gonfler, les dégonfler, les surfaire, les arrondir, la réalité nous rattrape pour contredire la légèreté et l’opacité qui entourent les déclarations. Dès lors, une foultitude d’interrogations titillent nos méninges à propos de cette «maudite» Casbah dont la restauration traîne ses guêtres depuis une quarantaine d’années, du moins depuis le fameux programme Comedor.
L’on ne pipe mot sur les malfaçons et autres travaux viciés commis parmi les 172 entrepreneurs désignés. On fait l’impasse sur les intervenants qui ont pris la tangente, abandonnant les douérate à leur propre sort, après les avoir vidées – cela fait plus d’une année – pour procéder à l’étaiement avant la phase dite de restauration.
Les propriétaires sont-ils éclairés par le check-up des 84 BET engagés au chevet des bâtisses?
Y a-t-il une police du patrimoine, dont la mission est de patrouiller dans le dédale de l’ancienne médina aux fins de déloger les intrus des maisons dont les portes ont été démurées?
Quelles sont les réponses aux vœux formulés par les propriétaires qui veulent vendre leurs biens immeubles à l’Etat?
A-t-on démêlé l’imbroglio relatif aux assiettes vides sur lesquelles le projet Darna nourrit l’ambition de réaliser un projet pilote de maisons tendant à restituer la mémoire des lieux?
L’idée du projet chantier- école est-elle renvoyée aux calendes grecques?
Le rôle de l’Agence nationale des secteurs sauvegardés (ANSS), qui élit ses quartiers à Dar El Qadi, est-il actif ou sert-il juste de caisse d’enregistrement, sans suite?
Aussi, sur les 105 hectares supposés de La Casbah ou du secteur sauvegardé qui va au-delà de la commune, où est la part du nombre de bâtisses traditionnelles et celle de type colonial?
La somme de 1.816 maisons serait-elle un chiffre spéculatif qu’on convoque à chaque occasion, ou juste une stat’ boostée à souhait qui date de la fin des années 1970?
Car l’état des lieux, arrêté depuis le 29 décembre 2014, fait ressortir qu’il subsiste 599 bâtisses de type traditionnel. Depuis, le nombre n’a de cesse de se réduire.
Quant à la citadelle, prenons notre mal en patience pour en reparler d’ici à 2020, car comme dit l’adage populaire, «Ecchîy el mlih ittoûl» (le bel ouvrage nécessite du temps).
M. Tchoubane
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Posté Le : 14/10/2015
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: aps.dz ; texte: M. Tchoubane
Source : elwatan.com du mùardi 13 octobre 2015