Alger figurait, jusqu’à la fin des années 1980, dans le peloton des villes propres où, de surcroît, il faisait bon vivre.
L’implication tant attendue des plus hautes autorités du pays dans l’hygiène de nos villes, à commencer par la capitale, sans doute la plus sale d’entre elles, vient d’être notifiée aux walis et maires concernés par le tout nouveau Premier ministre, à la faveur d’une circulaire datée du 8 septembre 2012, où il exige une rapide et énergique reprise en main de l’hygiène urbaine.
Effectivement, il était temps que le gouvernement impulse une forte dynamique au recouvrement de la salubrité perdue pratiquement de toutes nos agglomérations, où l’insalubrité avait fait violemment intrusion au début des années 1990 pour s’installer durablement, favorisée en cela par l’insécurité, le recul de l’autorité de l’Etat et la complaisance des autorités locales concernées.
Seules quelques villes, dirigées par des walis et des maires «à poigne», ont échappé à cette lame de fond qui a défiguré l’environnement des plus belles d’entre elles, à commencer par Alger qu’une instance internationale avait classée, il y a quelques mois, parmi les capitales les plus sales du monde. Un tel classement est pour le moins honteux, quand on sait qu’Alger figurait, jusqu’à la fin des années 1980, dans le peloton des villes propres, où de surcroît il faisait bon vivre.
La déchéance de la capitale a commencé, on s’en souvient, en 1992, à la faveur de la longue grève des éboueurs d’Alger fomentée par les dirigeants du FIS en poste à l’ex-Conseil populaire de la Ville d’Alger (CPVA) qui avaient bloqué durant près de trois mois le ramassage des ordures. Alger était, on s’en souvient, envahie de toutes parts par des immondices au point d’obstruer les entrées des cités et de gêner la circulation automobile.
La capitale n’a jamais pu se remettre de ce mauvais épisode, dont elle conserve aujourd’hui encore les stigmates, en dépit des efforts déployés, notamment durant la période du Gouvernorat d’Alger, pour évacuer les montagnes d’ordures sous lesquelles croulait l’agglomération algéroise. Pour diverses raisons, les autorités qui se sont succédé à la tête de la wilaya et des communes algéroises ne parviendront jamais à rétablir définitivement la situation, la capitale s’enlisant chaque année davantage dans l’insalubrité. «C’est la volonté politique qui a toujours manqué», affirme un cadre de Netcom, plus que jamais convaincu que quand la volonté d’atteindre un objectif est clairement affichée par le gouvernement, les choses ont forcément tendance à s’améliorer. Les différents acteurs de l’hygiène urbaine se sentent soumis à l’obligation de résultat et agissent ainsi du mieux possible.
Lorsque les autorités politiques ne s’impliquent pas, les moins consciencieux sombrent dans le dilettantisme et le laisser-aller dont on perçoit aujourd’hui les dramatiques résultats, notamment dans les quartiers confiés à des chefs de district incompétents. Car, comme nous le confirme ce cadre encore en poste à Netcom, l’hygiène des quartiers d’Alger dépend surtout de la compétence des responsables placés à la tête des différents zonings d’intervention établis par l’entreprise chargée du nettoiement de la capitale. Là où le chef de district est compétent, dynamique et à cheval sur la qualité du nettoyage, le quartier est généralement propre, comme c’est le cas à Bir Mourad Raïs, Hydra et Alger-Centre.
Quand le chef de district est, a contrario, incompétent et complaisant, le résultat est catastrophique. Notre interlocuteur cite les cas des cités de Bab Ezzouar, Bab El Oued et La Casbah, ainsi qu’El Harrach qui croulent sous les immondices dans l’indifférence totale de ces chefs de district, du reste rarement sanctionnés. Si coup de balai il doit y avoir, il devrait donc commencer par ces responsables incompétents. Les autorités locales ont évidemment leur part de responsabilité, ne serait-ce qu’en rappelant à l’ordre les services de nettoiement défectueux ou en leur prêtant main forte chaque fois que la situation l’exige. La circulaire du Premier ministre servira-t-elle de catalyseur au processus de reprise en main de l’hygiène dans les quartiers les plus affectés de la capitale? Rien n’est moins sûr, car aucun des responsables concernés que nous avons interrogés n’étaient à l’heure où nous rédigeons cet article au courant de son existence. En ce jour du 16 septembre 2012, Alger-Centre et notamment les environs du marché Réda Houhou (ex-Clausel) étaient jonchés d’ordures.
Rappelons que la wilaya d’Alger consacre, bon an mal an, entre 15 et 20 milliards de dinars à l’entretien de la capitale pour, malheureusement, de piètres résultats.
Nordine Grim
Complément d'information: Le commentaire ci-dessous sur El Watan du mardi 18 septembre 2012, rubrique "vos réactions", par rapport à l'article
Karaali Abdelouahab - Le sentinelle de l'environnement - Constantine, Algérie
19/09/2012 - 40487
123Algérie - le 18.09.12 | 12h24 - La guerre aux ordures:
L'Etat ne fait pas la guerre au ordures, et ce domaine parraît secondaire, même chez le citoyen en général, alors que normalement l'hygiène doit être la priorité des priorité encore plus important que la bouf, car c'est la santé et la sécurité. Donc autant investir plus d'argent, car l'urgence c'est bien l'hygiène pour l'instant. Concernant le balayage des rues, je ne comprends pas comment un homme agé où même 1 jeune habillé en combinaisant NETCOM peut balayer une ville ou un quartier à lui tout seul, alors qu'il existe des camions balayeuses mécanisées munis de brosses et d'eau qui doivent passer d'une façon hébdomadaire dans toutes les rues pour éliminer la poussière et la de la terre comme on fait dans les pays développés. On pense aux asmatiques qui respire la poussière d'Alger p.e.
Karaali Abdelouahab - Sentinelle de l'environnement - Constantine, Algérie
19/09/2012 - 40486
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Posté Le : 19/09/2012
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: Souhil B. ; texte:Nordine Grim
Source : El Watan.com du mardi 18 septembre 2012