Alger - Forum de la Mémoire d'El Moudjahid: Mohamed Rebah, chercheur en histoire, auteur du livre Taleb Abderrahmane “Taleb Abderrahmane est l’unique étudiant de l’université d’Alger à avoir été guillotiné”

«Aujourd’hui que nous commémorons la journée nationale de l’Étudiant, qui a été décrétée comme telle à la suite de la date de la grève du 19 mai 1956. Une décision qui a été prise à Alger lors d’une assemblée générale, et les étudiants ont fait une grève illimitée, mais qui a été interrompue en 1957 sur ordre du FLN, pour pouvoir avoir des futurs cadres.

Je voudrais parler particulièrement de Taleb Abderrahmane auquel je dédie personnellement cette journée. Étudiant à la faculté des sciences d’Alger, l’université d’Alger, qui était la seule université en Algérie durant l’époque coloniale, Taleb Abderrahmane s’est engagé dans la lutte armée et a été trois fois condamné à mort. Il a été guillotiné le 24 avril 1958. Taleb Abderrahmane est le symbole de la jeunesse studieuse qui s’est engagée dans la lutte armée pour l’indépendance.

Taleb Abderrahmane est le symbole de l’enfant de La Casbah qui a lutté pour acquérir le savoir. Il a commencé par aller à l’école indigène Fateh, ensuite aux cours complémentaires indigènes Saroui, avant d’arriver enfin, grâce à ses efforts et à ses succès successifs, au collège Guillemin, qui est actuellement l’annexe du lycée Okba.

Il a rejoint, par la suite, l’université d’Alger à l’école de chimie. Il a donc fait des études en chimie, et mis ses connaissances en chimie au service de la patrie. Il est allé jusqu’au bout, jusqu’au sacrifice suprême. Taleb Abderrahmane est mort guillotiné.

Il est à retenir dans ce contexte que la bataille d’Alger, c’est Taleb Abderrahmane. Et c’est Yacef Saâdi lui-même qui l’a dit. C’est un témoin! Un témoin authentique, crédible.

Il m’a dit: «La bataille d’Alger, c’est Taleb Abderrahmane.

Pourquoi ?

Parce que la guerre a été déclarée à la population musulmane de La Casbah, le 10 août 1956. Le gouvernement français de l’époque, par l’intermédiaire de son ministre résidant en Algérie, gouverneur général, Robert Lacoste, a encadré le groupe qui a placé une bombe à la rue de Thèbes, au cœur de La Casbah, qui a fait selon des chiffres annoncés 75 morts, mais certainement plus, et plusieurs blessés.»

La direction nationale du FLN a voulu répondre à cet acte odieux, mais par le même engin: la bombe.

Mais qui pouvait fabriquer une bombe ?

Et là, ils ont pensé à Taleb Abderrahmane qui se trouvait déjà au maquis de la Wilaya 3 au sud-est d’Azzefoun. La direction nationale du FLN lui a fait appel. Il est venu et il a mis la science au service de la patrie. Il a dirigé le laboratoire, et à ce moment-là, il y a eu la réponse qu’il fallait à l’acte odieux du 10 août 1956.

Taleb Abderrahmane est l’unique étudiant de l’université d’Alger à avoir été guillotiné. Et pour moi, et pour les jeunes de La Casbah, Taleb Abderrahmane est le symbole de l’étudiant engagé dans la lutte pour la libération nationale, dans la lutte pour l’indépendance.»


S. G.