Algérie

Alger et Tripoli scellent les retrouvailles


Alger et Tripoli scellent les retrouvailles
La visite hier du ministre des Affaires étrangères algérien, Mourad Medelci, à Tripoli, première du genre depuis la chute du régime d’El Gueddafi, aura posé les jalons des retrouvailles algéro-libyennes.Bien que peu de choses aient filtré des discussions que le MAE a eues avec son homologue libyen, Achour Ben Khayal, puis le président du CNT, Moustapha Abdeljalil, on retiendra néanmoins cette petite phrase : «Je suis venu en Libye pour transmettre un message de solidarité et de coopération avec ce pays, dans tous les domaines, mais aussi pour examiner de nombreux dossiers d’importance majeure, tels que les questions sécuritaires, même si nous pensons les avoir dépassées aujourd’hui.» En langage diplomatique, c’est une offre de service que propose Alger à Tripoli pour enterrer définitivement la hache de guerre. Alors que les responsables algériens et les dirigeants du CNT se regardaient en chiens de faïence depuis l’éclatement du conflit voilà une année, l’heure est désormais aux embrassades et autres accolades. Mourad Medelci a reconnu implicitement, hier, que les rapports de l’Algérie avec le nouveau régime libyen n’étaient pas normaux.
Lors d’une conférence de presse conjointe qu’il a animée hier avec son homologue, le chef de la diplomatie algérienne a souligné en effet qu’«il faut normaliser les relations» pour participer «efficacement» à la nouvelle ère que connaît la Libye et la région dans son ensemble. Retour à de meilleurs sentiments   En clair, l’Algérie admet qu’il y avait de la tension dans ses relations avec la nouvelle Libye et qu’il faut désormais revenir à de meilleurs sentiments. Exit donc toutes les appréciations négatives et autres petites phrases assassines lancées par certains responsables contre les membres du CNT. Ironie de l’histoire, Mourad Medelci lui-même avait estimé, il y a quelques mois, en pleine polémique sur le soutien de l’Algérie au clan El Gueddafi, que «ces gens-là (les membres du CNT, ndlr) ne sont pas capables de gérer la Libye». Le conseiller personnel du Président, Abdelaziz Belkhadem, avait poussé le bouchon trop loin en invitant sèchement les membres du CNT à «accomplir leur ablutions avant de parler de l’Algérie». Des déclarations qui ont sans doute fait mal à nos voisins qui attendaient, au pire, une neutralité de l’Algérie, au mieux, un coup de pouce pour les aider à en finir avec le régime d’El Gueddafi.
Mais Alger avait clairement choisi son camp tout en fermant des canaux de contact avec les rebelles qui allaient inévitablement prendre le pouvoir. Signe de cette impasse diplomatique, l’Algérie fut le dernier pays à reconnaître le CNT, et ce, sur les bouts des lèvres. C’était donc mal engagé avec un nouveau régime qu’on ne voyait pas venir à partir d’Alger.   Le CNT devient fréquentable   Le résultat est que la Libye post-El Gueddafi a tôt fait de se tourner vers des pays voisins qui n’ont pas brillé par leur soutien à El Gueddafi. L’Algérie n’avait alors le choix que de renouer le contact avec un voisin qu’il voudrait mieux avoir comme allié que comme ennemi. A plus forte raison, à cause des arsenaux militaires qui circulent allégrement en Libye et, pis encore, traversent les frontières en destination  vers le Sahel. Vint alors la lettre chaleureuse du président Bouteflika à Moustapha Abdeljalil, il y a quelques jours, le félicitant à l’occasion du premier anniversaire de la «révolution libyenne» que l’Algérie a pourtant combattue diplomatiquement une année durant. Le déplacement de Mourad Medelci traduit, dans la pratique, cette volonté de l’Algérie de rattraper le temps perdu. D’autant plus que la situation en Libye et dans le Sahel justifie toutes les craintes. En écho, M. Ben Khayal a salué, de son côté, les relations «étroites» et de longue date qui lient l’Algérie et la Libye, précisant que la visite de M. Medelci à Tripoli s’inscrivait dans le cadre de «l’ouverture d’une nouvelle page» et «vient confirmer le soutien de l’Algérie à la Libye» outre l’«examen des questions sécuritaires et de stabilité» dans son pays. La Libye a d’ailleurs appelé ses voisins à une conférence sur le contrôle des frontières, afin de «faire face aux défis sécuritaires du présent et de l’avenir, y compris l’immigration illégale», qui aura lieu les 11 et 12 de ce mois à Tripoli. De hauts dirigeants des ministères de la Défense et de l’Intérieur de l’Algérie, du Tchad, de l’Egypte, du Niger, du Mali, de Mauritanie, du Maroc et du Soudan, ainsi que des experts en sécurité de chaque pays y participeront.  
Et dans cette lune de miel (re)naissante entre Alger et Tripoli, M. Medelci a souligné que la prochaine étape verra «l’ouverture de nouveaux dossiers et horizons entre les deux pays», précisant que la Libye qui «dispose d’énormes potentialités qui doivent être exploitées».
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)