Algérie

Alger et Berlin se consultent



En visite de travail depuis avant-hier, la ministre adjointe aux Affaires étrangères de la République fédérale d'Allemagne, Katja Keul, a été reçue, hier matin, par le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra. L'objet du séjour algérois de la ministre allemande a trait essentiellement à la volonté de Berlin, comme d'Alger, d'ailleurs, «de consolider les liens d'amitié et de partenariat entre les deux pays», rapporte un communiqué du ministère des Affaires étrangères, tout en précisant que l'Algérie et l'Allemagne «célèbrent, cette année, le 60e anniversaire de l'établissement de leurs relations diplomatiques». Cette visite, certainement programmée de longue date, s'est déroulée dans les meilleures conditions, confirmant la convergence de vues entre les deux pays sur pas mal de sujets. Intervenant dans un contexte algéro-européen quelque peu spécial, après que l'Espagne a voulu mêlé l'Union européenne à sa brouille avec l'Algérie, la mission de Katja Keul n'en a pas du tout été affecté. C'est dire que Berlin, «coeur nucléaire» de l'Union européenne, n'est pas du tout dans la posture agressive prise par le haut représentant de l'UE pour les Affaires étrangères, Josep Borrell. La tentative d'intimidation de l'Algérie en usant d'une institution majeure de l'UE n'est visiblement pas partagée par la première puissance économique de l'espace européen.L'Allemagne entend visiblement bien les arguments de l'Algérie et ne bouscule pas l'agenda commun entre les deux pays. En maintenant la visite de sa ministre adjointe aux Affaires étrangères, Berlin refuse de tomber dans la surenchère d'une diplomatie-spectacle dont les limites sont bien visibles et ne vont pas au-delà de la prochaine destitution du gouvernement de Pédro Sanchez. Il s'agit donc de ne pas insulter l'avenir, sachant le poids du partenaire algérien et l'immense marge de coopération qui s'esquisse dans le secteur des énergies renouvelables à travers l'ambitieux programme algérien de 14 000 MGW d'énergie solaire, ainsi que le prometteur mégaprojet de l'hydrogène vert. En somme pour l'Allemagne, le partenariat avec Alger est bien plus précieux que les états d'âme d'un chef de gouvernement, fut-il européen. Au ministère algérien des Affaires étrangères, on se veut serein et l'on décrit le tête- à- tête Lamamra-Keul comme une rencontre tout à fait ordinaire qui a été «l'occasion de procéder à un examen de l'état des relations algéro-allemandes dans les différents domaines de coopération en prévision des prochaines échéances bilatérales». Une rencontre somme toute normale entre les responsables de deux pays qui s'apprécient et se respectent mutuellement. Le communiqué du MAE retient que «les questions d'actualité aux niveaux régional et international, ainsi que la consolidation du partenariat entre l'Algérie et l'Union européenne», ont été abordées, sans autres précisions. On aura compris que l'événement espagnol a peut- être été abordé, mais n'a pas constitué un facteur de blocage des relations algéro-allemandes et même entre Alger et la capitale européenne, Bruxelles. Preuve de cette entente parfaite entre le ministre algérien des Affaires étrangères et son invité, tient dans le matin de la cérémonie de signature d'un Accord de coopération culturelle et scientifique entre Alger et Berlin.
Cette visite de travail, après le succès de celle d'Etat du président Tebboune en Italie et les perspectives de développement du partenariat économique entre l'Algérie et les pays-piliers de l'Union européenne, apportent la preuve d'une volonté des acteurs centraux de l'Europe de ne pas hypothéquer une coopération appelée à être stratégique pour sauver «le soldat Sanchez». Lequel d'ailleurs, a la majorité de la classe politique contre lui. Il n'y a pour ainsi dire, pas d'affaire UE-Algérie, à bien suivre l'attitude de la France, de l'Allemagne et de l'Italie vis- à- vis de l'agitation du gouvernement espagnol. Madrid est en train d'échouer lamentablement dans sa stratégie d'entraîner l'Europe dans un conflit qui ne la concerne ni de près, ni de loin. On ne dispose pas des minutes des discussions entre Lamamra et Mme Keul, mais l'on peut supposer sans risque de se tromper que Pédro Sanchez a été remis à sa place.


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