Algérie

Alger, Espace Noûn, Un carrefour de rencontres



La création inattendue de l’espace Noûn en janvier 2006 vise à donner une nouvelle impulsion aux échanges multiculturels dans la ville d’Alger.

Redonner à l’art sa vocation culturelle première, promouvoir la dimension intellectuelle des œuvres de création sous le prisme de la réalité sociale, raviver l’éternelle flamme de l’artiste en travaillant à casser son isolement afin que la production culturelle retrouve son image d’Epinal, tels sont, entre autres objectifs, les desseins que se sont fixés les promoteurs de l’espace Noûn. Ce dernier étant en même temps une librairie et une galerie d’art qui cumulent plusieurs fonctions artistiques et qui misent avant toute chose sur la valorisation de la créativité littéraire de qualité.
L’autre objectif de ce lieu aux dimensions multiples est d’œuvrer dans un souci constant pour la réappropriation grâce à cet espace d’une dimension humaine qui voit les rencontres éclectiques se faire entre savants et universitaires, peintres, musiciens et hommes de lettres en vue d’amener à une fructification des échanges et un foisonnement artistique salutaire. Le but étant d’engendrer la circulation des idées afin de recréer un espace de communication dans une sorte de flux constant d’activités. Carrefour interactif, cette librairie «n’est pas un lieu commercial, mais un choix pour l’investissement du savoir», avertit le peintre Nourredine Chagrane. Cet espace a pour mission, en effet, d’offrir un cadre représentatif de l’authenticité culturelle, tout en demeurant ouvert à un public de jeunes. L’apport des contributions étrangères apparaît comme une perception et une compréhension plus globale de la culture de l’autre. Ce qui confère à ce lieu son aspect d’universalité.
Mais pourquoi l’appellation Noûn, en référence à la lettre arabe ? «C’est une lettre qui est symbolique dans la mythologie égyptienne. Elle représente le fleuve avant sa création. Cette lettre a, par ailleurs, inspiré les troubadours de la poésie d’amour ancienne ainsi que certains poètes populaires. Elle est aussi une représentation de la féminité et de nos racines. Jean Senac s’en est inspiré pour écrire Dimanche du Noûn. Cet espace est par excellence un milieu pour la poésie», nous confie Nacéra Saïdi, cogérante de cette galerie avec Arezki Tahar, ex-directeur du Théâtre régional de Béjaïa. Exerçant des activités sur plusieurs fronts, l’animation hebdomadaire a déjà présenté de nombreuses conférences-débats, récitals poétiques et des auteurs algériens de renom comme Kateb Yacine, Mouloud Mammeri ou encore Djamel Amrani après la projection de films inédits.
La vitrine de cet espace occupe une fonction essentielle dans le volet des activités thématiques. Une poupée géante drapée de blanc entourée de petits chars et de soldats ont été confectionnés par l’artiste peintre Hamida Chellali pour marquer la protestation des artistes algériens concernant la récente agression israélienne au Liban Sud.
Enfin la galerie-librairie s’assigne le rôle de répondre à la demande d’un public spécialisé et diversifié : «Il faut tenir compte des centres d’intérêt de chaque public car ce qui existe sur le marché est loin de répondre à la qualité de la demande», nous explique Nacéra Saïdi.




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