Algérie

Alger, El Mouggar, Concert de Mohamed El Ghaffour, 76 ans, et le talent toujours intact du grand maître



Le concert de Mohamed El Ghaffour n’a commencé tout compte fait que plus d’une demi-heure plus tard. Toutefois, ce léger couac auquel nous ont habitués les organisateurs de la salle El Mouggar n’a pas enlevé au plaisir qu’ont ressenti les spectateurs qui etaient de tous les âges.

Ainsi, des vieilles personnes étaient de la partie vous diront, avec la sagacité qui leur est propre, que pour rien au monde elles ne pouvaient manquer pareille occasion. Même les jeunes, peu enclins à écouter cette musique guère détonante n’étaient pas en reste. On pouvait également apercevoir des personnalités politiques restées en réserve de la République. C’est dire, soutient un observateur de la scène musicale algéroise, que ce genre de musique a décidément ce pouvoir que ne peuvent lui nier les rhétoriciens autoproclamés. Toujours vêtus de cet accoutrement qui les différencie des autres, les musiciens ont interprété dans une parfaite communion des ksaid du patrimoine du haouzi. Genre musical qui fait, à non point douter, une jonction toute retrouvée entre la musique populaire et celle raffinée des diwan de l’Andalousie mythique. Ainsi, les musiciens interpréteront entre autres Layla Haniya et des mdayah religieuses. Présent aux côtés de son frère, Abderrezak Ghaffour, violoniste attitré de ce groupe de neuf musiciens, nous dira, l’œil espiègle, que sa famille originaire de la ville de Nédroma dans la wilaya de Tlemcen, s’est retrouvée très tôt dans la musique traditionnelle. Lui, la cinquantaine à peine entamée, nous relatera son parcours et celui des siens dans la musique raffinée : « dans mon entourage immédiat, il n’y avait que des instruments de musique. J’ai commencé à m’y piquer d’ailleurs tout petit. J’y ai pris goût et je ne peux m’en détacher surtout que ma vocation s’est forgée sans que je ne m’en aperçoive », assure-t-il. L’aîné, Mohamed El Ghaffour, âgé actuellement de 76, a suivi à ses débuts les cours du cheik Lefci, connu et apprécié des gens de Nédroma. Toutefois, il a vite fait de quitter les bancs de l’école pour venir en aide à un père tisserand. Ayant remarqué son don et ses aptitudes, l’oncle, joueur de derbouka,l’initiera à la musique en lui faisant rencontrer les meilleurs musiciens de l’époque. Il connaîtra ainsi les maîtres du haouzi qui lui apprendront à faire une musique de bonne facture. Mohamed El Ghaffour en verra des vertes et des pas mûres pendant la période coloniale et ce n’est qu’à l’Indépendance de l’Algérie qu’il prendra véritablement son envol. Son passage au festival de la musique andalouse en 1969 fut remarqué et la chanson interprétée alors, Awelfi Meriem, en l’occurrence, fera tilt et le fera ainsi découvrir au public. D’aucuns vous diront avec une certaine amertume que le maître actuel du genre haouzi n’a pas fait d’enregistrement sonore. Son seul disque enregistré fut réalisé par la défunte unité des Eucalyptus de la Radio nationale. Le frère Abderezek ne suivra pas sur ce point le maître. Il enregistrera pour sa part trois albums pour, assure-t-il, faire perpétuer ce patrimoine musical de Tlemcen. « En dépit des sollicitations qui nous sont venues de partout, nous ne pouvons continuer notre tournée qui nous a conduits dans diverses régions du pays », s’excuse Abderrezak. La toute dernière halte était au TNA à l’occasion de la clôture de la 1ère édition du festival national de la chanson chaabi.




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