Quels enseignements faut-il tirer de la catastrophe de Bab El Oued, dix années après la tragédie ?
Le bilan était lourd : 757 morts, des milliers de blessés et des dégâts importants. Une chose est sûre : les causes naturelles ne sont pas à elles seules à l’origine de cette hécatombe.
Le bilan de la catastrophe de Bab El Oued était effarant. Les conditions climatiques n’étaient pas à elles seules à l’origine de cette catastrophe.
Le cumul de déficits et de laisser-faire dans les pratiques anarchiques de la gestion de l'espace urbain, caractérisée par une attribution anarchique du foncier et de terrains à bâtir, la destruction des zones boisées, la détresse de populations ayant fui le terrorisme et élu domicile sur les berges des oueds quand ce n'est pas sur leur lit, l'absence de toute réglementation en matière de planification de l'espace urbain sont autant de facteurs ayant précipité l'hécatombe de Bab El Oued.
La période des DEC comprise entre 1992 et 1997 a été fatale au foncier agricole.
Sur les hauteurs de la capitale, en cette période précise, une moyenne de 5 000 ha ont été cédés, impunément et au mépris de l'environnement, à l'urbanisation anarchique. Pour preuve, un pic est enregistré en 1995, avec une surface bâtie de 5 500 ha.
Beaucoup de terrains agricoles ont été, ainsi, intégrés dans le PDAU pour en faire des surfaces habitables, loin de toutes commodités.
La ceinture verte a été dévastée dans toutes les wilayas du centre qui forment les plaines de la Mitidja.
La commune de Bouzaréah n'est pas en reste. Son tissu forestier, complètement déstructuré, l'a été, notamment, durant cette période.
Le résultat de ces déboisements massifs a eu pour conséquences la tragédie que l'on connaît. La plupart des habitations sont érigées au sommet des collines ou nichées sur les versants de la montagne.
A Beau Fraisier, à Sidi Medjber, au Frais Vallon, le constat était le même. Plusieurs familles fuyant le terrorisme sont venues, durant la décennie noire, «agrandir l'agglomération ».
Conséquences : explosion du phénomène des constructions illicites.
Les intempéries qui avaient suivi la catastrophe ont surtout mis en évidence la précarité de tous les quartiers surplombant Bab El Oued.
Pire encore, les voûtes d’évacuation des eaux de pluies sont bétonnées. La violence des inondations a surpris tout le monde, y compris les spécialistes en météorologie, mais il ne fait aucun doute que les constructions agglutinées les unes contre les autres érigées sur le lit naturel de l’oued ont contribué à en amplifier l’effet destructeur et meurtrier.
Au lendemain de la catastrophe, on se pose des questions. La nature était-elle seule responsable du drame ?
Dix ans après, la même interrogation se pose mais avec une question subsidiaire: a-t-on réellement tiré les enseignements de cette tragédie ?
Abder Bettache
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Posté Le : 09/11/2011
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Abder Bettache
Source : LeSoirdAlgerie.com du mercredi 9 novembre 2011