Alger-Centre : F'tour avec les hôtes du resto du coeur

Au menu de ce soir : de la chorba, bourek, jardinière viande, salade verte, gâteau, banane et une limonade. Il était 18 h quand on s'est présenté au restaurant du coeur d'Alger-Centre, dimanche dernier. Une grande banderole est accrochée sur les lieux, en guise de bienvenue aux jeûneurs. Curieusement, le portail d'entrée est laissé grand ouvert et libre donc à  quiconque de pénétrer à  l'intérieur de l'enceinte, afin de s'assurer une place pour rompre le jeûne. Une vingtaine de badauds chauffent déjà les bancs pendant que des bénévoles s'affairent à  mettre les couverts. Moment choisi pour s'asseoir au côté d'un septuagénaire, histoire de bavarder et en apprendre de bonnes, pourquoi pas. «Celui qui veut bien manger n'a qu'à débourser de sa poche», lance-t-il, d'emblée. Et d'ajouter : «Ici, seule l'organisation est excellente !» Farid, qui s'est attablé quelques minutes plus tard, s'est montré gêné d'avouer qu'il est en provenance de Béjaïa. «Je suis à  Alger pour régler mes affaires courantes, ce restaurant me sert d'appoint aux repas que je me paye ailleurs», explique-t-il. Il n'est pas le seul d'ailleurs à  àªtre dans cette situation, puisque bon nombre de gens en provenance de Batna ou de Sétif notamment, rompent le jeûne ici-même. Le restaurant du cœur d'Alger-Centre accueille des gens aux fortunes diverses : des chômeurs mais aussi des travailleurs permanents et occasionnels, des retraités et d'autres. Pas moins de 400 à  450 couverts sont, ici, quotidiennement servis avec, en prime, une certaine élégance dans la manière de le faire. 50 minutes se sont déjà écoulées et voilà que le portail d'entrée est fermé par l'un des bénévoles. Eh oui, les 350 places prévus au premier service sont déjà prises. Les retardataires n'ont qu'à patienter pour le second. «C'est toujours désagréable d'attendre un quart d'heure de plus pour rompre le jeûne, mais c'est tout bénéfice», fait remarquer le voisin d'en face. Plus le moment de l'adhan s'approchait, plus les mines défaites s'impatientaient. C'est le cas de l'une d'eux, qui a failli faire dégénérer en rixe au sujet d'une salière, n'était la vigilance des présents qui ont appelé au calme. Au menu de ce soir : de la chorba, bourek, jardinière viande, salade verte, gâteau, banane et une limonade. «Aujourd'hui, vous avez de la chance, c'est un bon repas que l'on sert», lance, tout en sourire, Farid. A l'annonce de l'adhan, seuls les cliquetis des cuillères se font entendre… L'un des bénévoles, un certain Mohamed, révèle que l'APC d'Alger-Centre a, après soumission par adjudications, octroyé le marché au restaurateur Djurdjura bien connu sur la place d'Alger. «C'est lui et toute son équipe qui prépare chaque soir Meïdat Ramadhan.»