Alger, capitale de la wilaya d'Alger

«La wilaya d'Alger dispose d'un budget d'un milliard de dollars (88 milliards de dinars) pour faire d'Alger la meilleure capitale d'Afrique». C'est le président de l'APW qui l'annonce au détour du «Forum d'El Moudjahid» dont on connaît la teneur comme espace médiatique. Le fait que ce soit un «élu» de ce niveau-là qui le dise, et vraisemblablement sur un ton triomphal, annonce déjà la couleur.Les Algériens - à moins que ce ne soit seulement les Algérois, tant qu'à faire - sont censés jubiler. En plus de la grandeur du projet, censé faire notre bonheur sans? autre forme de procès, personne ne trouverait à redire, l'entreprise étant «scellée et non négociable», comme on disait ailleurs, dans une autre vie. On connaît le système d'annonce et ses effets.Un projet aussi grandiose, on n'en confie pas la primauté à un président d'APW, quand bien même il n'a pas la vocation d'un contestataire. Mais y a-t-il un projet pour faire d'Alger une capitale digne de l'Algérie ' Apparemment non. Sinon, on aurait peut-être eu une «maquette» à la place d'une enveloppe.Et puis cette question, à la fois lancinante et basique : est-ce que la capitale est l'affaire d'une wilaya ' Certainement pas, quand l'ambition de ses dirigeants est de doter le pays d'une véritable métropole de son siècle, à la fois creuset de son histoire, expression de ses cultures, poumon de son économie et reflet de ses palpitations vitales. Un milliard de dollars, c'est pourtant de l'argent, beaucoup d'argent. Mais pour en faire quoi ' Apparemment bricoler, encore bricoler, toujours bricoler.On rêvait d'une capitale, voilà que le «P /APW» nous promet? cinq cents feux tricolores et sept parkings ! On voulait un plan d'urbanisme intégré, on nous sort les bidonvilles rasés qui vont repousser parce que le meilleur moyen d'obtenir un logement social est d'ériger une baraque à la place d'une baraque détruite.On espérait une politique de l'habitat, on nous rappelle le nombre de logements «distribués». Il n'y a pas de projet pour une capitale, il y a une «stratégie» de colmatage.Dans ce déroulage, on ne pense même plus à quelque réalisation d'envergure qui jetterait la poudre aux yeux, sinon un simulacre de parc d'attractions dont on a inauguré en grande pompe un? terrain vague.Aucune infrastructure culturelle digne de ce nom en vue. Aucun espace scientifique qui place le pays dans son siècle, aucun espace emblématique d'un environnement sain, aucune volonté de restituer à la vie des pans entiers de l'espace citadin livré à l'obscurantisme et son corolaire «économique», le bazar.Et ces verrues qui poussent à la périphérie d'une cité, jadis joyau de la rive sud de la Méditerranée. Une mer à qui on a tourné le dos et dont on ne connaît désormais que les drames cycliques.Une capitale est un projet national qui se réfléchit et se réalise avec ce qu'il y a de meilleur, pas un chantier chronique de renouvellement des pavés. Une capitale, c'est tout de même? tout à fait autre chose.Slimane Laouari