Algérie

Alger - Après l’effondrement d’une autre bâtisse à la Casbah: Les habitants de la vieille citadelle gagnés par la peur



Alger - Après l’effondrement d’une autre bâtisse à la Casbah: Les habitants de la vieille citadelle gagnés par la peur


Les habitants de La Casbah continuent de retenir leur souffle. Les effondrements en cascade du patrimoine de la vieille médina n’ont pas connu leur épilogue.

Dans la matinée d’avant-hier, une autre bâtisse de quatre (4) étages s’est écroulée, causant une frayeur sans précédent parmi les habitants de cette vieille citadelle.

Dans un communiqué, la Protection civile a indiqué: «Les secours de la Protection civile de la wilaya d’Alger sont intervenus, ce vendredi matin à 10h31, suite à l’effondrement d’une bâtisse composée d’un RDC 4 étages, située au 6 rue Rabah Riah, commune de La Casbah», ajoutant qu’aucune victime n’est à déplorer.

Par ailleurs, les habitants du quartier qui vivent une situation intenable n’ont pas manqué d’exprimer leur colère contre l’édile communal de la Casbah, Amar Zetili, qu’ils tiennent pour «premier responsable» devant cet état de fait; «Nous avons maintes fois signalé des cas de bâtisses en état de dégradation avancée et de vulnérabilité avérée, sauf que nos sollicitations sont restées sans suite.»

Certains habitants ont demandé à ce que leurs cas soient étudiés dans l’urgence, car même si leurs bâtisses n’ont pas été recensées dans la zone rouge par les services des CTC, ils se retrouvent quand même entourés de maisonnettes qui peuvent s’écrouler à tout moment. «La moindre intempérie ou rafale de vent comme celle de jeudi soir pourrait provoquer la catastrophe», fulmine un habitant de la rue Rabah Riah.

Effet domino

Ce drame, qui n’est pas le premier d’ailleurs, devenu malheureusement inévitable après quelques gouttes de pluie, renseigne sur l’absence d’une stratégie claire , soulignent certains observateurs avertis, d’autant plus qu’il s’agit du cœur d’Alger, et surtout d’un site classé patrimoine historique mondial de l’humanité par l’Unesco. Un phénomène qui, à force de temporisation, risque de provoquer un nombre croissant de victimes.

Pourtant, la fondation Casbah n’a pas cessé de tirer la sonnette d’alarme sur cette tragique et morbide éventualité d’effondrement sans que son écho n’ait trouvé le résultat escompté auprès des autorités.

Dans un courrier récent, dont le quotidien El Watan détient une copie, adressé au président de la République ainsi qu’aux autorités locales, le président de la fondation Casbah, M. Ali Mebtouche avait déclaré que «le patrimoine de La Casbah est en détresse. Nous vous prions de prendre les dispositions nécessaires et nous ne saurions par la même dégager de la responsabilité de notre association car nous nous considérons totalement solidaires avec les habitants de La Casbah d’Alger, lesquels sont en danger de mort constant. Malgré l’immensité des tâches qui vous attendent, notre devoir est de vous informer de cette tragédie qui nous guette au quotidien», mentionne le président de la fondation Casbah.

Selon un bilan de santé du patrimoine immobilier de la vieille médina établi récemment par la fondation Casbah, il fait ressortir ceci: plus de 493 bâtisses seraient en état de vétusté très avancé, soit 33% du patrimoine global de La Casbah.

Les maisons considérées en mauvais état seraient estimées à 306 demeures, soit 20% du patrimoine. Outre cela, le bilan fait ressortir également que plus de 403 bâtisses seraient dans un état moyen (27%). Quant aux habitations jugées en bon état, elles seraient estimées à 298 maisons, soit 20% du patrimoine général.

En dépit du fait avéré d’un véritable arsenal juridique mis en branle pour stopper l’agonie de La Casbah, notons la loi n° 98-15 du 15 juin 1998 et le décret exécutif n° 03-324 en date du 05 octobre 2003 relatif à l’établissement du plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur des secteurs sauvegardés, il s’avère qu’aucune mise en application n’a été malheureusement, à ce jour, prise par les autorités concernées.

Mis à part la restauration des monuments historiques situés dans la haute Casbah (Palais du Dey) dont le budget alloué par la wilaya est de 23,4 milliards de DA, la restauration de la basse Casbah, quant à elle, à savoir la partie habitable, est renvoyée aux calendes grecques.

En d’autres termes, y a-t-il une vraie volonté de prendre en charge le cas de La Casbah?


Aziz Kharoum


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