Algérie

Alger actionne les premières mesures



Une dangereuse sortie de piste qui n'est pas sans dégâts pour l'Espagne. En raison du revirement inattendu de Madrid sur la question du Sahara occidental, Alger vient d'actionner les premières mesures. Le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Chakib Rachid Kaïd, a confié à un journal italien que l'Algérie «va revoir tous les accords avec l'Espagne» excluant toutefois des conséquences immédiates sur la vente du gaz et du pétrole. Cependant, le secrétaire général du ministère des AE a laissé entendre que les contrats actuels pourraient ne pas être renouvelés à leur expiration en 2030, après la récente prolongation. Il faut relever que l'Algérie ne fait pas du chantage une stratégie dans ses rapports internationaux. Elle respectera scrupuleusement ses engagements en matière de livraison des quantités contractuelles de gaz. En dehors de ce cadre précis, l'Algérie modulera ses relations en direction d'autres pays de l'Europe du Sud qui entretiennent d'excellentes relations traditionnelles avec l'Algérie.En visite à Rome, Chakib Rachid Kaïd a rencontré le ministre italien des Affaires étrangères, et il s'est dit convaincu que les conditions pour une relance des rapports entre l'Algérie et l'Italie «sont réunies». «Notre souhait, est de rehausser davantage le caractère stratégique et privilégié de nos relations bilatérales», a insisté le responsable algérien.
Près de 45% du gaz importés par l'Espagne en 2021 provenaient d'Algérie, «l'un des grands producteurs d'Afrique du Nord» qui «ne manque pas de débouchés pour son gaz».
Pedro Sanchez s'échine, depuis quelques jours, à désamorcer une bombe qu'il a lui-même fabriquée. Il a déjà fait perdre à son pays la chance de devenir le hub gazier pour l'Europe qui cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis du gaz russe. C'est l'Italie qui remporte la mise en resserrant davantage ses liens avec l'Algérie son deuxième fournisseur après la Russie. En février dernier, le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi di Maio, est arrivé à Alger. L'objectif de cette mission était d'arracher des autorités algériennes une plus grande générosité en gaz, en augmentant le volume annuel actuel de 2 milliards de m3. Il est donc clair que dans l'affaire, c'est l'Espagne qui trinque. Pourtant, les partis politiques espagnols, la société civile et même des personnalités politiques influentes ont sérieusement averti le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, que sa décision irréfléchie de s'aligner sur les positions marocaines dans le dossier du Sahara occidental, sera lourde de conséquences. «Nous en paierons le prix très clairement», a averti l'ancien chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar. L'ex-président du Parti populaire (PP), a vivement critiqué la nouvelle position de son pays sur la question du Sahara occidental, la qualifiant d' «erreur historique». Aznar a estimé que ce dérapage «affecte les responsabilités historiques de l'Espagne» par rapport au Sahara occidental. Intransigeante, Alger qui a rappelé son ambassadeur pour
«consultation», promet encore d'autres mesures. Le journal espagnol El Confidencial s'est fait l'écho d'une source diplomatique algérienne, selon laquelle la réponse de l'Algérie sera «globale et elle se déclinera souverainement et de manière multiforme sur de nombreux volets». On relève à ce propos, que les dessertes espagnoles n'ont pas été intégrées dans le nouveau programme de la compagnie aérienne nationale, Air Algérie. Les compagnies espagnoles voient filer un gros marché dont le nombre de vols à destination de villes européennes et arabes augmente de façon très consistante. Cette «omission» qui a tout l'air d'une exclusion est perçue par de nombreux observateurs comme l'une de ces mesures de rétorsion prises par l'Algérie.
Annonçant cette première batterie de mesures, l'Algérie a exhorté les responsables politiques espagnols à reconsidérer leur position. «Nous espérons que nos amis espagnols prendront les mesures nécessaires», a souligné Chakib Rachid Kaïd au même média italien, en affirmant ne pas vouloir utiliser le terme «trahison», en qualifiant le retournement brusque de Madrid de «surprise» et de «grande déception».


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