Algérie

Alger, à l?approche du mois sacré



Une cité qui fleurait bon A l?approche du 9e mois lunaire, El Bahdja se préparait activement pour mettre en exergue la blancheur des parois de ses demeures. Le Ramadhan n?était pas synonyme de bombance, de prodigalité, d?agitation au niveau des souks où les branle-bas de combat et les rixes font désormais partie de notre humeur ramadhanesque, mais avant tout, l?occasion du mois du pardon offrait pour les habitants d?El Bahdja de se mouvoir dans un tissu urbain où la sociabilité et l?entregent étaient de mise. Chaque propriétaire de douéra s?attelait, bien avant le mois sacré, à donner du tonus à la ville d?Ibn Mezghenna. Chaque maison se préparait à mettre son voile d?apparat. C?était une tradition bien ancrée à laquelle nul ne dérogeait. Tout le monde se mettait de la partie pour revigorer son espace et le faire fleurer bon... Le matériau utilisé qu?on appelait djir el hammar (la chaux vive) entretenait la fraîcheur et requinquait les rues, ruelles et venelles dont le lavage, d?amont en aval, se faisait à grande eau. Il n?y avait pas uniquement l?intérieur des demeures qui laissait dégager les senteurs d?arômes culinaires, mais l?aspect extérieur était relooké et chacun des ménages de l?antique médina s?employait à faire renaître sa bâtisse de la grisaille pour lui conférer une clarté. Du patio jusqu?à la terrasse ou el menzah, chaque dépendance était passée à l?eau de chaux. Une opération qui revenait avant chaque Ramadhan. Outre qu?elle servait à entretenir l?espace vital, elle donnait fière allure à la cité dont le présent, c?est bien dommage, refuse de s?en accommoder. Un présent aussi insensible que réfractaire au bon usage d?une tradition qui ne semble plus faire recette. C?est d?autant plus navrant lorsqu?il y a quelques jours le responsable de la mosquée Djamâa El Kebir lançait aux fidèles de pourvoir le lieu de culte de quelques bidons de vinyl et d?un aspirateur pour la circonstance. Quand bien même l?obole se révélerait bienfaitrice, cela ne nous invite pas moins à nous interroger sur les raisons qui ont poussé le ministère de tutelle à tendre la sébile pour donner de l?éclat à un lieu dont il a, a priori, la charge.


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