Algérie - Alfred Berenguer

Alfred Bérenguer : Une figure emblématique de l'engagement religieux et politique



Alfred Bérenguer : Une figure emblématique de l'engagement religieux et politique

Alfred Bérenguer (1915-1996), né le 30 juin 1915 à El Amria (anciennement Lourmel) en Algérie, demeure une figure marquante de l’histoire algérienne. Prêtre audacieux et défenseur des droits humains, il a mêlé foi et engagement politique pour soutenir la cause de l’indépendance algérienne.

Jeunesse et engagement
Issu d’une famille modeste d’origine espagnole, Alfred Bérenguer grandit dans une Algérie marquée par les tensions entre les différentes communautés. Ordonné prêtre en 1940, il commence son ministère à Mascara, avant de poursuivre à Frenda. Son engagement pour la justice et la paix se manifeste dès 1955 lorsqu’il publie, dans la revue Simoun, un article intitulé « Regards chrétiens sur l'Algérie ». Il y exprime ses préoccupations face aux tensions croissantes entre Algériens et Français, appelant à une réflexion profonde sur la cohabitation des peuples.

Activisme et contributions
Durant la guerre d'indépendance, Alfred Bérenguer se distingue par ses actions courageuses. Cofondateur du Croissant-Rouge algérien, il représente l’organisation en Amérique latine de 1959 à 1961. Là-bas, il mène un intense lobbying pour rallier les pays latino-américains à la cause algérienne. Grâce à ses efforts, le soutien en faveur de l'indépendance de l'Algérie augmente significativement au sein des Nations Unies.

Cependant, son activisme ne reste pas sans conséquences. Les autorités françaises le condamnent en 1959 à dix ans de prison pour « atteinte à la sûreté extérieure de l'État ». Contraint à l’exil, il continue à œuvrer pour la liberté, s’érigeant en porte-parole de la cause algérienne à l’international.

Rôle politique
Après l’indépendance de l’Algérie en 1962, Alfred Bérenguer est élu député à l'Assemblée nationale constituante, chargée de rédiger la constitution du nouvel État. Fidèle à ses convictions, il vote contre cette constitution, dénonçant les discriminations qu’elle établit entre citoyens musulmans et non-musulmans.

Proche du président Ahmed Ben Bella, Bérenguer devient son conseiller. Cependant, il se retire de la vie politique après le coup d’État de 1965 mené par Houari Boumédiène, refusant de soutenir un régime militaire. Il se consacre alors pleinement à ses activités religieuses et éducatives.

Héritage
Alfred Bérenguer est décrit comme un homme de foi libre et courageux, ayant su allier convictions religieuses et engagement social. Jusqu’à sa mort, il reste une figure emblématique du dialogue entre les peuples et du respect des droits humains.

Décédé le 14 novembre 1996 à Aix-en-Provence, il repose désormais au cimetière chrétien de Tlemcen, selon sa volonté. Une rue à Oran porte son nom depuis 1998, témoignant de son impact sur l’histoire algérienne.

Son héritage continue de résonner, incarnant un modèle de justice, d’égalité et de foi au service des plus grandes causes.




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