Alexandre Zokolov, ambassadeur de Russie, à 'Liberté" 'Nous soutenons Lakhdar Brahimi pour sa compétence"

Dans des déclarations exclusives lors de sa visite de courtoisie hier matin à Liberté, Son Excellence l'ambassadeur de la Fédération de Russie à Alger, M. Alexandre Zokolov, a mis en exergue l'excellente qualité des relations algéro-russes avec en prime une analyse sur la situation en Syrie.
Liberté : quel est le point de vue de la Russie sur la crise secouant actuellement la Syrie
Alexandre Zokolov : Avant de se positionner sur cette situation de crise que connaît la Syrie, la Russie s'est fixé des objectifs, dont le principal est d'arrêter rapidement l'effusion de sang, car nous pensons qu'il est impossible de régler le conflit par la force. Partant du souci de préserver les vies humaines, nous avons privilégié le dialogue inter-syrien dont le but est de refléter les aspirations du peuple syrien, sans qu'une partie n'impose son point de vue à l'autre. Aussi, la Russie lance un appel à la communauté internationale, notamment les Etats-Unis et l'Europe, pour faire pression sur l'opposition syrienne afin qu'elle s'ouvre au dialogue. Il faut qu'elle lance un signal fort en direction de cette dernière pour avancer dans le dialogue. Nous avons des contacts étroits avec toutes les parties syriennes, le régime en place à Damas, ainsi que la nouvelle coalition qui, malheureusement, campe sur ses positions en rejetant le dialogue.
La Russie 'uvre pour la mise en place d'un mécanisme à même de mener vers une transition politique en Syrie, mais nous avons du mal à sortir du cercle vicieux.
Et que pensez-vous de la position algérienne sur cette crise syrienne '
L'Algérie et la Russie sont sur la même longueur d'ondes sur ce sujet. D'ailleurs, nous apportons tout notre soutien à l'Algérien, Lakhdar Brahimi, l'envoyé spécial de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, en raison de son influence, sa sagesse et surtout sa compétence. Ce dernier s'est rendu compte dès le début de la difficulté de sa tâche consistant à cesser les hostilités. Nous le soutenons totalement dans son entreprise et nous l'aiderons pour la réussir. Avec lui, l'entente est parfaite et il s'est rendu à Moscou où il s'est entretenu avec le chef de la diplomatie russe, M. Sergei Lavrov. Nous avons également aidé son prédécesseur, M. Kofi Annan, qui n'a pas pu atteindre ses objectifs en raison de l'absence de consensus.
Comment sont les relations entre l'Algérie et la Russie '
Ce sont des relations classiques, traditionnelles, et nous faisons en sorte de les pousser toujours vers l'avant. Si sur le plan politique elles sont excellentes, nous ambitionnons d'avancer encore plus sur le plan économique. La commission mixte entre les deux pays se réunit régulièrement, et il existe beaucoup de projets que nous voulons réaliser. Par exemple, il y a deux ou trois sociétés russes qui font de la prospection en Algérie dans le domaine des minerais. La Russie participe à la réalisation d'un barrage et d'une centrale électrique. Il y a le projet de voiture russe, Lada. Le créneau de la prospection du sol algérien intéresse la Russie et des consultations existent dans ce cadre entre les deux parties. Nous avons aussi comme objectif de rouvrir le centre culturel russe à Alger, fermé depuis quelques années. Par ailleurs, il existe une concertation entre Alger et Moscou dans le domaine énergétique, car la société russe Gazprom et Sonatrach font partie des plus importants exportateurs de gaz. Elles sont partenaires et c'est normal qu'elles se concertent sur le prix de ce produit, son indexation sur celui du pétrole dans le cadre du Forum mondial du gaz, dont font partie l'Algérie et la Russie. Les P-DG des deux sociétés se sont rencontrés à la fin du printemps dernier en Malaisie, où ils ont certainement échangé leurs points de vue en prenant, bien sûr, en considération l'intérêt des consommateurs.
Y a-t-il une visite de haut niveau prévue entre les deux pays '
Le président russe est déjà venu en visite officielle en Algérie, et une invitation a été adressée au président Abdelaziz Bouteflika pour une visite officielle en Russie, dont la date n'a pas encore été fixée. Les échanges de visites à un niveau ministériel sont fréquents.
M. T.