Quand les bruits de couloirs ne sont plus audibles, nous nous faisons un
plaisir de vous les faire parvenir.Musique.
Trois cent cinquante (350) milliards d'euros de dette et la fierté d'être
grec. Mise pratiquement aux enchères par la planète financière mondiale, la Grèce nous revient par la
porte de son histoire séculaire.
Athènes a manifesté son ire contre sa voisine la Macédoine, lui
reprochant d'avoir érigé, cette semaine, une statue représentant un « guerrier
à cheval » à l'effigie d'Alexandre le Grand. Ainsi, 24 siècles après la
disparition de ce roi légendaire, Grecs, Macédoniens et aussi Bulgares, Kosovars se disputent sa paternité. Voilà 24 siècles, Alexandre
le Grand (né en l'an 356 en Macédoine, mort en 323 av. JC en Irak) avait fait
un rêve: unifier l'Occident à l'Orient. Son empire s'arrêta aux portes de
l'Inde, après avoir conquis Jérusalem et battu les armées perses. Aujourd'hui, il
divise jusque dans son lieu de naissance. La Grèce menace la Macédoine de son veto
pour son admission dans l'UE. La Bulgarie et le Kosovo
l'accusent de vol de mémoire et de falsification de l'histoire. Au-delà du
différend diplomatique qui oppose Athènes à Skopje sur l'appellation de la Macédoine et sur lequel
planche le médiateur de l'Onu, Mattew Nimetz, la nouvelle dispute entre les deux pays révèle tout
le poids de l'histoire et de la culture dans l'identité des peuples européens. 350
milliards d'euros de dette et la fierté d'être grecs.
« La culture c'est ce qui reste lorsqu'on a tout perdu », dit l'adage. L'écrivaine
Françoise Sagan l'interprète autrement : « la culture c'est ce qui reste quand
on ne sait rien faire », dit-elle à travers l'un des personnages de son roman «
Dans un mois, dans un an ». Au bord de l'implosion économique et politique, la Grèce s'accroche
désespérément à Alexandre le Grand, roi mythique qui fonda plus de 70 cités
avant de mourir à l'âge de 33 ans. Hier empire et socle de la culture
occidentale, la Grèce
aujourd'hui à l'agonie appelle au secours le reste de l'Europe. Comme dans un
dernier souffle, elle n'oublie pas de crier : « Alexandre ! Alexandre ! » avec la conviction intime qu'il intercédera auprès des dieux
grecs et la sauver des enfers qui la menacent. Devant tant d'attachement à leur histoire et
leur culture, sûr que les Grecs ne sombreront pas dans l'oubli et les abîmes de
la pauvreté et la misère. Finalement, la culture et l'histoire sont ce qui
sauve un peuple quand il n'a plus rien. A propos de peuple qui n'a plus rien, il
nous faut regarder vers la frontière turco-syrienne: 11.000
enfants, femmes et hommes campent dans des camps de toile en territoire turc.
Ankara ne crie pas à l'invasion de réfugiés. Le Croissant rouge turc
soigne, sert trois repas chauds par jour et a même construit des espaces de
jeux pour les enfants. Ankara applique, à la lettre, la Convention de Genève de
1951 sur la protection des réfugiés. Ah ! L'Europe cette avocate des droits de
l'homme. L'Europe qui a failli remettre totalement en cause la libre
circulation de ses propres citoyens en révisant le traité de Schengen à cause
de… 3000 réfugiés venus du sud de la Méditerranée.
L'Europe qui refuse d'accueillir la Turquie dans sa famille, lui reprochant de
faillir au respect des droits de l'homme. Et pourtant, et pourtant… Alexandre
le Grand est aussi d'une certaine manière turc. Il repose à Istanbul et son
tombeau accueille des milliers de touristes chaque année. Ce n'est point un
hasard de l'histoire que le tombeau d'Alexandre à Istanbul. C'est bien l'une de
ses dernières volontés que d'être enterré dans cette cité. Il décrétait, voilà 24
siècles, qu'il n'y pas meilleur symbole du lien entre Occident et Orient que ce
lieu, devenu Istanbul aujourd'hui.
11.000 réfugiés en Turquie et aucune plainte des Turcs. Que du contraire.
3000 réfugiés pour 27 pays européens et l'Europe au bord de la crise politique
et diplomatique. Etrangement, les médias européens ne s'alarment point et ont
oublié Lampedusa, Berlusconi et Sarkozy. Les Turcs, eux, ne font pas encore
appel à la solidarité, financière s'entend, de la communauté internationale
pour accueillir les réfugiés syriens. Ils ne le feront sans doute jamais. Ils
sont fiers à leur manière. Grecs et Macédoniens se font la guerre pour la
statue d'Alexandre le Grand. Les Turcs veillent sur son tombeau. L'Europe de
Sarkozy et Berlusconi ferme la porte de l'Europe aux Turcs.
Ces derniers ouvrent leurs portes aux Orientaux. Qui sait, peut-être
qu'un jour viendra où la
Turquie sera celle qui apaisera les tensions entre Européens
sur leur identité et qui réalisera le rêve d'Alexandre le Grand en conciliant
Occident et Orient. Pourquoi pas ?
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Posté Le : 19/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com