Le chef de l'Etat présidera, aujourd'hui, une réunion du Conseil des ministres assez spéciale. Dédiée presque exclusivement à la situation du marché de l'alimentation et des approvisionnements en denrées de large consommation, la rencontre se tiendra sur un arrière- fond de crise alimentaire mondiale qui se profile à plus ou moins courte échéance.Le communiqué de la présidence de la République évoque, à ce propos, «un exposé conjoint des secteurs de l'agriculture et du commerce sur la disponibilité des matières stratégiques et les prévisions de production des matières agricoles essentielles». Ce point à l'ordre du jour du Conseil des ministres fait écho à la décision de la présidence de la République de suspendre toutes les exportations de produits alimentaires. Une précaution indispensable au regard du dernier rapport de l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) qui alerte sur la forte probabilité d'une aggravation d'ampleur inédite de la famine dans le monde. La FAO parle, en effet de 8 à 13 millions de personnes supplémentaires qui pourraient souffrir de la faim dans le monde. L'organisation onusienne rapporte dans son étude que 26 pays seront directement impactés par la guerre en Ukraine, dont l'une des conséquences est le blocage de nombreux ports de ce pays. Les régions qui souffriront le plus d'un déficit de 50% de leur approvisionnement en céréales seront l'Asie-Pacifique, l'Afrique subsaharienne, le Proche-Orient et l'Afrique du Nord. C'est dire donc que l'Algérie est face à un risque de grave pénurie de produits alimentaires. Les alertes inquiétantes de la FAO sont visiblement prises au sérieux par l'Exécutif qui, à travers le Conseil des ministres, entend prévenir une crise annoncée à courte échéance par tous les observateurs.
Le président français a d'ailleurs prédit une «déstabilisation sur le plan alimentaire», en Afrique et en Europe. C'est dire l'urgence d'une situation, qui n'a pas son précédent dans les annales de la géopolitique internationale.
La réactivité de l'Algérie est opportune, lorsqu'on sait que depuis le début de la guerre en Ukraine, les prix du blé ont pris une tendance haussière exponentielle. Et circonstance aggravante, le conflit a éclaté au moment où l'Ukraine démarrait sa saison agricole. «La plus grande incertitude règne sur les capacités de récolte dans quelques mois», note le rapport de la FAO qui craint des conséquences immédiates et qui peuvent durer dans le temps. Responsabilisant la Russie pour ses attaques, l'organisation onusienne pointe un doigt accusateur à l'adresse de l'Occident qui, par ses sanctions à l'endroit de la Russie, aggrave la situation. «Quant aux exportations russes de céréales, elles reposent sur des infrastructures qui ne sont théoriquement pas bloquées, mais qui devraient être fortement affectées par les sanctions internationales», souligne la FAO. «Cette conjonction inédite de facteurs de risque intervient alors que la faim dans le monde touche près d'une personne sur dix et qu'un tiers de la population est en insécurité alimentaire, sans accès régulier à une alimentation adéquate», lit-on, dans l'étude de l'organisation. Ainsi, à peine sortie de la crise sanitaire mondiale, l'Algérie est embarquée, comme le reste de l'humanité dans une crise alimentaire tout aussi mondiale. «Outre l'examen de projets de loi sur la promotion de l'investissement», souligne la présidence de la République. Une loi très attendue par les opérateurs économiques nationaux et étrangers.
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Posté Le : 13/03/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Saïd BOUCETTA
Source : www.lexpressiondz.com