Les accoutrements délictuels de la corruption sont divers mais, en Algérie, on retient uniquement un seul et unique cas, en l'occurrence le flagrant délit. Pour prendre dans les filets quelqu'un qu'on soupçonne de tremper dans une affaire de corruption, il faut impérativement le prendre la main dans le sac. Cela nécessite une très longue procédure judiciaire. Un parcours harassant et démobilisant. En premier lieu, il faut alerter le procureur de la République, prendre les numéros des billets de banque et les photographier, puis mettre en place un plan d'action, une embuscade, pour tomber sur le suspect au moment où il empoche l'argent sale. Ce n'est vraiment pas de tout repos. Et c'est, de plus en plus, difficile à réussir, car les corrompus se sont adaptés au terrain et il n'est pas du tout aisé, voire impossible, de les prendre la main dans le sac. C'est pour cela, doit-on supposer, que les affaires de corruption pendantes devant les tribunaux sont presque insignifiantes, relativement, aux autres dossiers criminels traités.Parfois, on trouve une seule affaire traitée par les services de sécurité, sur un bilan d'activité qui couvre toute une année. Commet se fait-il que dans un pays gangrené par la corruption, à tous les étages, il arrive qu'on traite très rarement ce genre de dossiers criminels devant les tribunaux ' L'une des raisons est que corrompus, corrupteurs et leurs intermédiaires couvrent bien leurs arrières. Laissant croire qu'on est dans une République d'une exemplarité légendaire sur ce point de la corruption, bannie du lexical socio-juridique. Hélas, cela est faux. Car le fait de ne pas entendre parler d'affaires de corruption traitées par les tribunaux ne doit pas conduire, automatiquement, à des conclusions hâtives, qui jugeraient la société trop pure pour commettre un tel crime. Parfois, c'est tout à fait le contraire qu'il faut garder à l'esprit, c'est-à-dire que trop de corruptions ferait passer le crime dans la catégorie «normalisée». La corruption est, tellement, banalisée qu'on n'essaie même pas de lutter contre.L'Etat a toujours «affiché» une ferme volonté de lutter contre cette gangrène qui ronge la société, la corruption, en installant une commission nationale par-ci, et en renforçant le dispositif réglementaire par-là, mais il faut se l'avouer, sans ambages, ce sont des coups d'épée dans l'eau, nuls et sans effets. Aucun effet dissuasif pour contenir cette pandémie de la corruption qui continue à se propager dans tous les milieux et secteurs. Bien sûr, il n'est pas question de s'avouer vaincu, la corruption peut disparaître s'il y a réelle volonté politique de moraliser la vie publique. L'ampleur de la corruption serait moins importante, lorsqu'on appliquera une meilleure prévention, à travers une définition claire de ce crime.Au fait, la corruption c'est quoi exactement ' Dans ce qui est apparent à tous, la corruption c'est donner de l'argent à quelqu'un pour recevoir, en contrepartie, un «service» illégal. Mais, la corruption c'est plus vaste et plus profond encore, c'est lorsque l'agent investi de pouvoir public fait ce qu'il ne doit pas faire, ou ne fait pas ce qu'il doit faire. Lorsqu'on cherchera à comprendre le pourquoi de ce comportement, on identifiera les potentiels corrompus, et on pourra, dès lors, les neutraliser avant qu'ils ne bâtissent des empires.
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Posté Le : 14/06/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdelkrim Zerzouri
Source : www.lequotidien-oran.com