Aucune enquête n'a été ouverte pour connaître les dessous de ce trafic
Une alerte a été adressée par la wilaya dans un courrier transmis à la direction des travaux publics et aux municipalités, leur intimant l'ordre d'alerter à leur tour les entreprises et les collectivités sur les risques encourus à l'usage de ce produit impropre à l'utilisation.
A la faveur du lancement d'un vaste programme de construction de logements, d'énormes quantités de ciment périmé importées de Turquie inondent le marché national. Profitant du mouvement de grève déclenché dans certaines cimenteries à travers le pays et la faiblesse de l'offre, une mafia organisée a tissé sa toile à travers plusieurs régions du pays, au point où plusieurs milliers de tonnes de ce produit ont été écoulées sur le marché depuis quelques mois. C'est le cas dans la wilaya de Béjaïa où une affaire de ciment périmé a défrayé la chronique et alimente le débat public. L'affaire est sur toutes les lèvres. On en parle et on s'interroge. Une partie de ce produit périmé était même destinée aux APC.
Une alerte a été donnée par la wilaya dans un courrier adressé à la direction des travaux publics et aux municipalités, leur intimant l'ordre d'alerter à leur tour les entreprises et les collectivités sur les risques encourus à l'usage de ce produit impropre à l'utilisation. «Il faut retirer ce produit des chantiers», a-t-on souligné. Mais aucune enquête n'a été ouverte pour connaître les dessous ce qui s'apparente à un «trafic» si ce n'est un «détournement», comme l'ont insinué les élus. Un cas de figure qui n'aurait jamais pu se produire si les procédures de livraison de la marchandise sur le marché avaient été respectées.
En effet, la réglementation qui stipule qu'une cargaison ne devrait être livrée sur le marché qu'une fois que les analyses aient confirmé sa propreté à la consommation, s'est vue «transgressée».
Or dans cette affaire, il semblerait que cette mesure n'a pas été respectée, du moins dans les délais, sinon comment expliquer qu'un produit déclaré «impropre à l'utilisation» se retrouve sur le marché. Non seulement une partie de cette cargaison est écoulée sur le marché, mais on a même pensé en attribuer cinq tonnes aux communes pour l'utiliser dans les travaux ne présentant pas un danger, comme par exemple le bétonnage des ruelles, des trottoirs et autres travaux sans grand risque.
Ce sont là les quelques indications fournies par le directeur de la concurrence et des prix en réponse aux interrogations des élus et du chef de l'exécutif lors de la dernière session de l'APW.
Les faits remontent au début du mois. Si aucun responsable n'a voulu avancer la quantité de ciment saisi, des sources affirment que les services de la DCP de Béjaïa ont saisi 50.000 tonnes de ciment, à bord d'un bateau battant pavillon turc.
Comme l'exige la réglementation, les mêmes services de contrôle ont procédé au prélèvement d'échantillons. Les résultats des analyses ont pris plus de temps qu'il le faut' Mais entre-temps, le ciment a quitté le port, du moins en partie. La marchandise, qui s'avérera par la suite périmée, est écoulée où et à quel niveau' Les réponses ne sont pas claires. Lors de la dernière journée de la session APW de Béjaïa, le wali et les élus ont demandé des explications au DCP sur cette affaire qui a défrayé la chronique locale. Dans ses réponses, le DCP a certes confirmé la saisie, expliquant la situation dans le détail concluant que ses services ont fait leur travail. Mais beaucoup d'interrogations sont restées sans réponses.
En effet, comment un produit, dont l'utilisation attendait le feu vert des services de contrôle, s'est retrouvé sur chantier'
Comment et pourquoi a-t-on pensé l'attribuer aux APC' Qui est l'importateur' Qui a réussi à introduire ce ciment périmé à partir des ports de Jijel et de Béjaïa' Qui a autorisé la distribution de ce ciment périmé' Quelle est la proportion des quantités de ce ciment qui ont atterri sur les chantiers de construction éparpillés sur le territoire de la wilaya de Béjaïa ou ailleurs. Des équipements publics ont-ils été entre-temps construits avec ce ciment périmé' Des vies humaines sont-elles en danger'
Pour toutes ces raisons, une enquête s'impose, d'autant plus lorsqu'on connaît l'irresponsabilité de certains acteurs intervenant dans l'économie locale. Si le premier magistrat de la wilaya a pris soin d'intimer l'ordre de retirer ce produit du marché et des chantiers, il reste qu'en pareille circonstance, les mesures devraient être plus sévères. Il y va de la crédibilité de l'Etat et de ses institutions. C'est aussi le moyen de freiner un tant soit peu les activités de la mafia locale. Encore une affaire scabreuse, dont Béjaïa n'a franchement pas besoin!
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Posté Le : 15/04/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Arezki SLIMANI
Source : www.lexpressiondz.com