Algérie

Alain Rolland. Directeur général de la Société des centres commerciaux d'Algérie : « Nous avons cinq autres centres en projet »



  Pourquoi avoir choisi Alger pour ouvrir un centre commercial ' Le commerce de détail est un marché saturé dans certains pays d'Europe. Aujourd'hui, il faut prospecter dans les pays du Sud où le potentiel est énorme, d'où le choix de l'Algérie pour ouvrir notre premier centre commercial africain, qui sera le plus grand du continent. Lors d'un voyage à Alger en 2006, j'ai pu constater qu'il n'y avait quasiment rien dans le domaine du commerce de détail. Et des investisseurs parlaient de plusieurs projets en cours. Cela a titillé mon intérêt. Depuis, c'est un apprentissage de tous les jours, surtout en matière de législation qui est très différente de celle de la Suisse. Les structures administratives sont différentes aussi, tout comme la mentalité du pays où tout reste à bâtir. Mais attention, je ne suis pas là pour donner des leçons. C'est un apprentissage commun.  Le fait d'être Suisse est-il un plus ' Les gens d'ici ont une bonne image de notre pays et le vote contre les minarets n'y a rien changé. Avant tout, ils veulent que nous partagions notre savoir-faire. C'est pour cela qu'on nous respecte, ici. Nous avons lancé notre projet pour les Algériens et avec les Algériens. Nous avons recruté des employés algériens et la plupart des enseignes, dans notre centre, sont algériennes. Nous contribuons à structurer le tissu économique local.  Tout cela avec des standards européens. En gros, vous voulez offrir l'Europe aux Algériens. Sans les obliger à prendre l'avion... Exactement. Avec les tracasseries du visa, c'est vrai que ramener les marques étrangères ici permet d'éviter de se déplacer en Europe. C'est aussi pour cette raison que nous allons être présents dans d'autres villes d'Algérie, comme Sétif et Oran. Cinq centres sont déjà en projet. Ici, tout est à faire et à construire dans ce secteur.  Pourtant, les investisseurs étrangers ne se bousculent pas au portillon. Pourquoi ' Dès qu'on leur parle d'investir en Algérie, ils parlent d'attentats, de terrorisme. Or, Alger n'est pas Baghdad ni Kaboul. Et ces gens oublient juste que le niveau de rentabilité d'un centre commercial comme le nôtre mérite de prendre ces risques-là. Les Algériens veulent consommer comme les Européens. Le comportement du client est d'ailleurs partout le même, que ce soit à Moscou, Genève, Paris ou Alger. Le client d'aujourd'hui choisit le centre où il peut concilier ses achats de nourriture, de vêtements et de services. En outre, ici, il y a l'attrait de la nouveauté.  N'empêche, la classe moyenne est inexistante en Algérie... Elle est en formation. Ici, c'est la Turquie d'il y a 15 ans. Les salaires moyens algériens vont monter, ils vont être « boostés » par la consommation intérieure. Selon nos études, le panier moyen est aujourd'hui de 16,50 euros en Algérie contre un peu plus de 30 euros en Suisse.  Vous avez un lien particulier avec l'Algérie, puisque vous êtes né à Alger... Oui, sur les hauteurs de la ville. J'ai quitté l'Algérie lors de l'indépendance, dans les bagages de ma famille, pour la France.  C'est donc un retour aux sources... Disons que je suis ici pour faire du business. C'est clair que cette terre a une importance pour moi. Mais quand on lance un centre commercial avec un investissement énorme, je ne pense pas que le fait d'être un Algérien de naissance garantisse le succès. Franchement, si j'avais eu l'opportunité de commencer au Maroc ou dans un autre pays du Maghreb, je l'aurais fait.


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