Algérie

Alain Juppé: «Il n'y a pas de dossiers qui fâchent»



Le ministre des Affaires étrangères français, Alain Juppé a affirmé jeudi dernier à Alger, qu'il n'existe pas de «dossiers qui fâchent» entre l'Algérie et la France.

Interpellé par les journalistes algériens sur le sujet, à l'occasion d'une conférence de presse, organisée à la résidence Djenane El Mithak avec son homologue algérien Mourad Medelci, Juppé a utilisé, toute sa diplomatie pour convaincre qu'il n'existait pas de «confrontation» entre les deux capitales, à propos notamment de dossiers tels que les essaies nucléaires français en Algérie ou les drames causés par la colonisation française.

Medelci viendra même à la rescousse de Juppé quand il a senti que ce dernier, était quelque peu acculé par ces questions qui restent en suspens et qui constituent toujours un vrai contentieux entre les deux pays.

Le chef de la diplomatie algérienne, qui a pris la décision d'être «sélectif» dans le choix des journalistes désireux poser des questions après l'évocation de ces deux dossiers, a affirmé que la France a commencé à élaborer une loi pour indemniser toutes les victimes dont des Algériens. Mourad Medelci a même refusé d'écouter les questions du «Quotidien d'Oran» en donnant la parole à une autre journaliste, alors que nous avions le micro entre les mains et commencé à parler.

Concernant la colonisation, visiblement gêné, Juppé se contentera, en guise de réponse, de rappeler la déclaration de Nicolas Sarkozy, lors de sa visite dans notre pays à savoir ressasser, encore une fois, le «caractère injuste de la colonisation».

Ceci étant, en matière de coopération économique, le ministre des Affaires étrangères français s'est montré très confiant, en rappelant le travail effectué par son compatriote, Jean Pierre Raffarin, depuis plusieurs mois.

«Nous sommes très désireux de renforcer nos relations économiques», a déclaré Alain Juppé qui soutient en outre, que «le dialogue constructif va se poursuivre durant les prochains mois».

Le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères français affirme même que les «relations entre les deux pays passent par une phase particulière d'embellie». C'est ce qui explique peut-être, la décision de Mourad Medelci de couper court à la conférence de presse, de peur de voir les journalistes algériens évoquer des sujets qui mettraient mal à l'aise son hôte alors que l'heure est plutôt à «l'apaisement», dans les relations entre les deux capitales. Juppé qualifiera par ailleurs, le premier forum d'affaires algéro/français, qui s'est déroulé à Alger le mois dernier, de «grande réussite».

La France ne fait pas de forcing en matière de coopération économique mais veut un partenariat mutuellement bénéfique, estime Juppé pour qui ce «partenariat économique» doit être consolidé au même titre que les relations politiques.

Alain Juppé a tenu à rappeler, en outre, la présence, de plus en plus importante, des entreprises de son pays en Algérie en suggérant que cela témoigne de cette volonté des entreprises françaises d'aller «investir dans un pays d'avenir qui a réalisé, ces dernières années, une croissance économique positive et même brillante».

Libye : Les accusations contre l'Algérie infondées

Les rumeurs distillées aux Etats-Unis d'Amérique notamment sur la prétendue implication de l'Algérie dans l'envoi de mercenaires et d'armes à la Libye, sont qualifiées par Alain Juppé «d'infondées».

Le ministre des Affaires étrangères français s'est par ailleurs étalé pour expliquer les «raisons» qui ont poussé son pays à intervenir militairement en Libye. Pour lui il ne faisait aucun doute. Kadhafi s'apprêtait à perpétrer des massacres contre la population libyenne, a-t-il déclaré en précisant que cette intervention militaire a été décidée sur la base d'une résolution du Conseil de sécurité, légitimant ainsi l'intervention militaire qui a fait des centaines de victimes parmi lesquelles figurent de nombreux civils. Alain Juppé soutient toutefois que cette intervention militaire n'est pas une «fin en soi», en soulignant que la France est pour une «solution politique» à ce conflit. Le CNT, (Conseil national de transition libyen), est qualifié par le successeur d'Alliot Marie, comme étant un «interlocuteur incontournable» et que la France entretenait des relations étroites avec ce conseil, basé depuis sa création, dans la ville de Benghazi.

Pour le chef de la diplomatie algérienne, le règlement du conflit libyen ne peut passer qu'à travers des solutions politiques. Mourad Medelci a affirmé par ailleurs, que la position de l'Algérie en ce qui concerne la crise libyenne, qu'elle découlait de la position de l'Union africaine puis celle de la Ligue arabe.

Concernant la représentation diplomatique algérienne en Libye, Mourad Medelci a été plus explicite. «L'Algérie dispose d'une ambassade en Libye car ce pays est membre de l'ONU et Tripoli est toujours sa capitale» a t-il tranché, en précisant que «les relations entre l'Algérie et la Libye sont conformes aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies».

Bref, malgré ce qui est rapporté ici et là par presse interposée, en ce qui concerne le conflit Libyen, le ministre des Affaires étrangères a affirmé qu'il existait beaucoup de «convergences» sur le sujet et d'autres questions internationales, notamment la situation au Sahel. Enfin interrogé sur un autre conflit qui dure depuis près d'une quarantaine d'années dans la région, à savoir le Sahara Occidental, Alain Juppé n'a pas été très prolixe dans sa réponse. Il soutiendra que la France soutient les efforts de Christopher Ross, l'envoyé spécial de l'ONU, pour trouver une solution à ce conflit alors que tout le monde savait dans la salle que la France a apporté jusqu'ici, un soutien sans faille à la monarchie marocaine, notamment pour son plan d'autonomie décrié par les Sahraouis.

Alain jupé, également maire de Bordeaux, s'est rendu jeudi, en compagnie de Mourad Medelci, à Oran.




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