Algérie

Al Sissi place l'un de ses opposants sur la liste noire des terroristes



Le chef de l'Etat égyptien, ancien chef de l'armée, fait tout pour rester le seul candidat sérieux à sa propre succession à l'élection de mars.Un dirigeant de l'opposition égyptienne, Abdel Moneim Aboul Foutouh, a été placé sur la liste noire des «terroristes» à la demande du parquet.
Après cette mesure prise samedi, M. Aboul Foutouh doit figurer sur cette liste pour cinq ans, selon des sources judiciaires. Ancien dirigeant des Frères musulmans, M. Aboul Foutouh a été arrêté mercredi dernier après avoir lancé un appel avec d'autres figures politiques de l'opposition à boycotter la présidentielle de mars, accusant le régime «d'empêcher toute compétition loyale». Avant de critiquer le gouvernement de M. Al Sissi, ce responsable politique avait toutefois soutenu les manifestations appelant au départ de l'ancien président islamiste, Mohamed Morsi, destitué à l'été 2013 par l'armée.
M. Al Sissi, ancien chef de l'armée, est le seul candidat sérieux à sa propre succession à l'élection de mars. M. Aboul Foutouh, également ancien candidat à la présidentielle, est accusé d'avoir des contacts avec des membres des Frères musulmans en exil «pour semer le trouble et l'instabilité» dans le pays, selon le ministère de l'Intérieur. Jeudi, le procureur de la sécurité d'Etat a ordonné sa détention pour 15 jours. Son arrestation est intervenue peu après son retour de Londres, où il s'était rendu pour donner des interviews dans lesquelles il critiquait le gouvernement égyptien.
Abdel Moneim Aboul Foutouh n'est pas la seule personnalité politique à s'être fait arrêter ces derniers jours. Le conseiller d'un ex-prétendant à l'élection présidentielle égyptienne exclu par les autorités s'est aussi retrouvé derrière les barreaux mardi dernier, après avoir suggéré l'existence de documents secrets compromettants pour les dirigeants de l'Etat. Hicham Geneina était le conseiller pour les droits de l'homme du général Sami Anan, ancien chef d'état-major de l'armée égyptienne, lui-même arrêté et exclu en janvier de la course à la présidence après avoir été accusé par les autorités de ne pas «avoir respecté les procédures» et de semer la «division».
En 2016, M. Geneina, juge de formation, avait été démis de l'Autorité de contrôle des comptes publics par le président Al Sissi, après avoir chiffré à 60 milliards d'euros le coût de la corruption publique entre 2012 et 2015. Il avait été accusé de «diffusion de fausses informations». Son arrestation a eu lieu au lendemain d'une interview qu'il avait accordée au Huffpost arabe, un site bloqué en Egypte. Dans cet entretien, il explique que des documents portant sur «des événements politiques et des crises que la société égyptienne a connus
depuis le 25 janvier» 2011, date de la révolution qui a provoqué la chute du président Hosni Moubarak, sont gardés en lieu «sûr» à l'étranger. M. Anan «a une réserve de secrets», a-t-il déclaré.
Des secrets qui, a-t-il dit, pourraient être révélés s'il était exposé à un danger. Après ces déclarations, le porte-parole des forces armées s'est fendu d'un communiqué, assurant que toutes les procédures légales seraient prises pour «protéger la sécurité nationale et préserver l'honneur et la dignité (des forces armées)».
L'avocat de M. Anan, Me Nasser Amin, qui a annoncé sur Facebook que son client était détenu dans une prison militaire, a toutefois nié l'existence de ces documents. M. Anan est l'un des nombreux candidats déclarés qui sont sortis de la course présidentielle. Si certains aspirants ont été directement écartés par les autorités, d'autres ont renoncé en dénonçant des pressions.


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