Algérie

Al-Sissi opère un tour de vis supplémentaire sur les libertés



Les autorités égyptiennes utilisent ces mesures sécuritaires temporaires censées contribuer au combat contre le terrorisme pour limiter et porter atteinte aux libertés.Les autorités égyptiennes d'al-Sissi ont reconduit pour une période de trois mois l'état d'urgence en vigueur dans le pays depuis avril 2017, pour "faire face au terrorisme", mais qui ont élargi aussi considérablement les pouvoirs de l'Armée et des forces de l'ordre qui disposent du droit de contrôler les médias, de recourir aux tribunaux exceptionnels et aux couvre-feux pour limiter les déplacements des Egyptiens.
Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a prolongé l'état d'urgence dans tout le pays pour une période de trois mois. Selon le décret qui a été publié au Journal officiel, hier dimanche, la reconduction de l'état d'urgence serait dictée par "les conditions de sécurité et de santé que traverse l'Egypte".
Aussi, le décret donne mandat à l'Armée et à la Police égyptiennes de prendre les mesures nécessaires pour protéger le pays du terrorisme et de son financement, maintenir la sécurité dans tout le pays, protéger les propriétés publique et privée et préserver les esprits des citoyens.
Instauré en avril 2017 à la suite d'attentats meurtriers revendiqués par Daech (EI) contre des églises coptes dans les villes de Tanta et Alexandrie (Nord), où au moins 45 personnes ont été tuées, l'état d'urgence a été reconduit depuis, sans discontinuer.
Le Parlement égyptien avait alors approuvé la proclamation d'un état d'urgence de trois mois pour "faire face au terrorisme", a aussi élargi considérablement les pouvoirs de l'Armée et des forces de l'ordre qui disposent du droit de contrôler les médias. Ces dernières peuvent également recourir aux tribunaux exceptionnels et aux couvre-feux pour limiter les déplacements des citoyens.
Les organisations internationales des droits de l'homme relèvent, à cet effet, que la reconduction de l'état d'urgence par le président Abdel Fattah al-Sissi pour la quatrième année consécutive, conjuguée à la pandémie de Covid-19 est instrumentalisée par le pouvoir égyptien pour faire taire les critiques, notamment des agents de santé, des journalistes et des blogueurs, et pour maintenir des centaines, voire des milliers de personnes en détention provisoire sans contrôle judiciaire. 12 ONG des droits de l'Homme, dont Human Rights Watch (HRW ), Amnesty International (AI) et Reporters sans frontières (RSF), qui ont relevé "une augmentation radicale des niveaux de répression et des arrestations arbitraires d'éminents défenseurs et défenseuses des droits humains, des militants pacifiques, des responsables politiques et des journalistes ? dont certains en représailles pour avoir rencontré des diplomates occidentaux-en ajoutant certains à la liste de terroristes".
"Les autorités égyptiennes ont intensifié leur répression à l'encontre des personnes pacifiques critiques envers le gouvernement et des gens ordinaires en 2020, supprimant pratiquement tout espace de réunion pacifique, d'association ou d'expression", a ainsi déclaré Human Rights Watch dans son Rapport mondial 2021.
Dix ans après la révolution de la place Tahrir, les Egyptiens qui ont évincé, Hosni Mubarak, vivent désormais sous l'emprise sécuritaire plus dure et étouffante du gouvernement du président al-Sissi, a rapporté Human Rights Watch dans son Rapport mondial 2021. La situation des droits de l'Homme est fortement décriée dans ce pays qui compterait 60 000 prisonniers politiques.
L'ONG rapporte ainsi que l'Agence de sécurité nationale dépendant du ministère de l'Intérieur ainsi que d'autres forces de sécurité ont fait disparaître par la force, arrêté arbitrairement et torturé des détenus, y compris des enfants.
De nombreuses arrestations ont été effectuées sur des accusations sans fondement d'"appartenance à un groupe terroriste" et de "diffusion de fausses nouvelles". Les autorités ont continué aussi à appliquer largement la peine de mort. Dans le nord du Sinaï, l'Armée égyptienne a démoli des milliers de maisons, expulsant des habitants par la force sans compensation équitable ni recours judiciaire.

Amar R.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)