Algérie

Al Qaïda ouvre un nouveau front en Syrie La «mère de toutes les batailles» lancée à Alep



Comme l´Irak en 2003 et la Libye en 2011, la Syrie vient à son tour d´engager, hier matin à Alep, la «mère de toutes les batailles». Tôt dans la matinée, les troupes gouvernementales et l´opposition armée avaient déjà activé leurs dispositifs de guerre mis en place depuis plusieurs jours autour et à l´intérieur de cette ville de 2,5 millions d´habitants.
De l´avis des experts militaires de l´Otan, ce poumon économique situé dans le nord du pays constitue l´enjeu final de cette guerre qui dure depuis plus de 18 mois. De cet avis, la prise d´Alep par l´une ou l´autre des deux forces en présence pourrait décider de la suite des événements.
Toutefois, la question que d´autres experts militaires moins impliqués dans cette guerre se posent aujourd´hui, ce n´est pas de savoir qui des deux belligérants est sur le point de l´emporter militairement, mais si, comme c´est probable, une victoire de l´un ou l´autre des deux camps opposés apporterait à ce pays le retour durable à la stabilité politique et à la sécurité de ce pays et de toute al région '
Ces mêmes experts sont, en revanche, persuadés que quelle que soit l´issue de cette guerre, la Syrie n´a que très peu de chances d´aller, comme on veut le fait admettre en occident, vers l´instauration d´un régime démocratique et une paix durable. Les exemples des pays qui ont durablement perdu leur stabilité politique et leur sécurité sont dans le voisinage immédiat de la Syrie : le Liban, pays de la guerre civile chronique et l´Irak celui de l´instabilité durable.
En l´absence de tout pronostic sur l´issue de la «la mère de toutes les batailles», il y a une certitude que tout le monde admet : il s´agit d´une guerre à outrance, à la libyenne, à la libanaise et à l´irakienne à la fois. La Syrie tend à devenir le pays où chaque syrien est un homme armé, dont l´économie du pays sera mise à plat, ses villes transformées en ruines et ses populations civiles devenues des réfugiés dans les pays voisins.
Les erreurs de calcul des «alliés»
Les puissances occidentales avec le soutien de l´Arabie saoudite et du Qatar qui financent et arment la rébellion anti-Assad se sont visiblement trompés en cherchant à rééditer en Syrie leur guerre de Libye, sans l´indispensable mandat de l´Onu.
Au plan militaire, la Syrie n´est pas la Libye. C´est une puissance militaire régionale qui dispose d´un formidable potentiel de guerre et d´une armée autrement plus expérimentée que celle de Kadhafi. Elle est certes affaiblie par les désertions massives dans ses rangs, dont la plus significative est celle de 27 généraux, à leur tête leur chef, le général Manef Tlass,
un allié «sûr» de Bachar el Assad, dont le père, lui aussi le général le plus gradé de l´armée syrienne dans les années 80, avait servi le défunt président Hafed el Assad. Tant que l´armée d´Al Assad conservera son noyau comme c´est encore le cas et sa puissante milice, elle est encore en mesure de «pacifier» Alep comme ses nouveaux dirigeants l´ont promis et fait en moins de quarante-huit heures pour Damas.
La capitale, passée entièrement sous contrôle du régime après l´incursion rebelle d´il y a deux semaines marquée par le spectaculaire attentat suicide contre le quartier général du ministère de la Défense n´était-elle pas à deux doigts de tomber entre les mains de la rébellion '
La base russe de Tartous
Au plan diplomatique, les puissances occidentales ont fait aussi de mauvais calculs en croyant pouvoir rallier la Russie et la Chine à leur plan pour la Syrie. Or, qui dit Syrie dit Iran. Autrement dit, toute la problématique régionale est mise d´un coup sur la table, faisant ressortir toute la complexité des enjeux internationaux en Syrie où, ne l´oublions pas, la Russie dispose du port de Tartous, sa seule base militaire en Méditerranée. L´arme du veto fonctionnera systématiquement tant les pays occidentaux n´auront pas compris que la Russie joue dans cette affaire sa présence dans la région.
Bachar el Assad a d´autres arguments à faire valoir au plan régional. Son régime ne se trouve pas en situation d´isolement régional comme le fut celui de Kadhafi. Le Liban et l´Irak voisins se sont fermement opposés à la «solution» du départ du pouvoir de président Al Assad, une sortie inspirée par les pays du Golfe et sur laquelle l´Algérie a émis des réserves de poids, faisant savoir à ses pairs arabes qu´il appartient aux Syriens et à eux seuls de trancher sur cette question, et non aux gouvernements étrangers. Les arguments de la diplomatie algérienne tiennent la route car, en plus, l´opposition armée syrienne affiche une union de façade.
Divisée, elle est composée de toutes les tendances politiques, ethniques et religieuses. Il s´agit en fait d´une coalition anti-Assad de circonstance qui ne constitue pas une vraie relève politique pour le pays. L´hétérogénéité politique n´est-elle d´ailleurs pas la principale caractéristique des nouveaux régimes «démocratiques» issus du «Printemps arabe» ! Pourquoi donc la Syrie, société multiconfessionnelle et Etat laïc gouverné par la minorité alaouite ethnique en serait l´exception !

Le général transfuge Manaf Tlass
Le président Barak Obama serait donc favorable à un gouvernement de transition conduit par le général Tlass. Ce dernier a déjà été approché par la CIA qui l´aurait convaincu de faire le mur en échange de ce rôle-clé dans la transition politique de son pays. Il reste aux services secrets américains de convaincre cette opposition hétéroclite d´accepter à sa tête le général transfuge.
Celle-ci l´aurait accepté comme membre mais pas pour présider son conseil. Tout dépend du rôle que jouera cet ex-ami d´Al Assad dans la «mère des batailles», aux côtés de ses pires ennemis d´hier, dont les groupes d´Al Qaeda venues d´Irak «combattre la dictature syrienne», avant d´instaurer l´Etat islamique dans la capitale des Omeyyades.
Pour le moment, Obama a de bonnes raisons de garder le profil bas sur cette délicate question des djihadistes dont il s´inquiète en silence. La CIA affirme n´avoir encore que des informations succinctes que de simples envoyés spéciaux des journaux aux alentours d´Alep ont interviewés. Des djihadistes à visage découvert de toutes nationalités, dont des Marocains et des Algériens, auteurs des attentats contre l´armée américaine en Irak.
Leur présence sur le front syrien donne au régime syrien de Damas son meilleur argument. Celui de mener un combat contre Al Qaeda. Un argument déjà avancé, en son temps, par Kadhafi et auquel les puissances occidentales avaient fait la sourde oreille. Aujourd´hui, ces djihadistes ont pris le pouvoir dans le nord du Mali.


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