Algérie

Al Qaîda fait moins peur mais menace les USA


Al Qaîda fait moins peur  mais menace les USA
Huit ans après les attentats du 11 septembre 2001, Al Qaîda, bien qu'affaiblie, reste un ennemi tenace capable de frapper, assurent les responsables américains, qui peinent pourtant à convaincre de la menace une opinion publique lassée par deux longues guerres. Le réseau extrémiste est « toujours très capable » de s'attaquer aux Etats-Unis et « très concentré sur cet objectif », selon le chef d'état-major américain, Michael Mullen. Malgré le changement d'Administration à Washington, la croisade lancée par George W. Bush reste donc à l'ordre du jour : son successeur Barack Obama assure que la guerre en Afghanistan a pour but de « désorganiser, démanteler et vaincre Al Qaîda » réfugiée au Pakistan voisin. La chasse visant les auteurs des attentats qui avaient fait près de 3000 morts aux Etats-Unis a nettement contribué au déclin de l'organisation d'Oussama Ben Laden. Elle l'a privée de refuge en Afghanistan après le renversement fin 2001 du régime de ses alliés talibans et plusieurs figures-clés du réseau ont été capturées. Depuis juillet 2008, 11 dirigeants d'Al Qaîda ou affiliés ont été tués, dont Abou Khabab Al Masri, l'expert en armes chimiques et biologiques d'Al Qaîda et Baïtullah Mehsud, chef des talibans pakistanais. Depuis les attentats à Londres en juillet 2005, le groupe terroriste n'a pas perpétré de nouvelles attaques en Occident. Un déclin qui fait douter certains experts de la réalité de la menace. « Vingt-et-un ans après sa fondation, Al Qaîda est sur la défensive, voire à bout de souffle. Elle avait trouvé à se relancer à la faveur de l'invasion américaine de l'Irak, mais sa branche locale a perdu pied (...) à partir de 2006-2007 », déclare à l'AFP Jean-Pierre Filiu, professeur à l'Institut d'études politiques de Paris. Analyse que ne partagent pas les services de renseignement américains. « Al Qaîda est sous forte pression en ce moment. Mais ne nous trompons pas, elle représente toujours une sérieuse menace pour les Etats-Unis et nos alliés », assure un responsable américain de la lutte antiterroriste, en évoquant ses capacités de recrutement, d'entraînement et de financement : « C'est un ennemi tenace. »Le réseau a reconstitué des sanctuaires dans les zones tribales pakistanaises, où seraient réfugiés Oussama Ben Laden et son bras droit Ayman Al Zawahiri, et d'où il soutient l'insurrection des talibans en Afghanistan. Washington s'inquiète en outre de la transformation d'Al Qaîda en un réseau de petites franchises terroristes disséminées en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique, en particulier dans des Etats instables comme la Somalie ou le Yémen, d'où le groupe a préparé une tentative d'attentat suicide cet été contre le patron saoudien de la lutte antiterroriste. Malgré tout, cette menace ne semble plus convaincre l'opinion américaine, lassée par deux guerres qui ont déjà coûté la vie à plus de 5000 soldats américains. Près de 6 Américains sur 10 sont aujourd'hui opposés au conflit en Afghanistan selon un sondage récent. « Beaucoup de gens sont fatigués de cette lutte contre le terrorisme, en particulier par temps de crise économique. (...) Il n'y a plus eu d'attentat aux Etats-Unis (...), ils se disent que tout ceci est exagéré », déplore Bruce Hoffman, expert à l'université de Georgetown, à Washington. Pour la première fois depuis les attentats du 11 septembre 2001, la politique antiterroriste des Etats-Unis repose davantage sur l'image d'une Amérique revenue à ses valeurs que sur celle d'une pure utilisation de la force, bien loin de ce qu'avait donné l'Administration Bush. Interdiction totale de la torture, promesse de fermer la prison de Guantanamo, suppression des prisons secrètes de la CIA : les symboles les plus controversés de la « guerre mondiale contre le terrorisme » de George W. Bush ont été bannis depuis l'arrivée de Barack Obama à la Maison-Blanche. Le terme même de « guerre contre le terrorisme » a été renié début août par John Brennan, principal conseiller antiterrorisme du président Obama, au motif que « cela accrédite l'idée selon laquelle les Etats-Unis seraient en guerre contre le reste du monde ». Par rapport à la précédente Administration, l'approche de M. Obama « est globale et accorde davantage d'importance aux souffrances sous-jacentes qui déclenchent des réflexes de violence chez les gens en colère », explique Steven Simon, expert au Centre des relations étrangères (CFR), un centre de réflexion de Washington. Ouverture aux pays musulmans, restauration de l'image des Etats-Unis dans le monde font entre autres partie de la stratégie du nouveau président américain. Pour M. Simon, « Obama a davantage de crédibilité » que son prédécesseur quand il affirme ne pas faire « la guerre contre les musulmans » et qu'il dit vouloir lutter contre la pauvreté ou restaurer la démocratie en Afghanistan. Mais la mise à plat du système Bush a prêté le flanc aux attaques de la droite, la voix de l'ancien vice-président Dick Cheney résonnant le plus fort. Considéré comme l'un des principaux concepteurs des méthodes antiterroristes musclées utilisées après le 11 septembre, et porte-parole des opposants à la nouvelle politique américaine, il accuse depuis des mois M. Obama de mettre en danger la sécurité du pays. « Les personnes qui ont été soumises aux ''techniques d'interrogatoires améliorés'' ont produit la majeure partie des informations dont nous disposions sur Al Qaîda », a-t-il déclaré, fin août, lors de la publication d'un rapport interne à la CIA décrivant les tortures et mauvais traitements subis par plusieurs suspects de terrorisme. Mais plus que les nouvelles tactiques antiterroristes, c'est le lancement d'une enquête ' officiellement contre l'avis de M. Obama ' sur ces pratiques qui a déclenché le plus de critiques. Pour Burton Gerber, ancien chef de bureau de la CIA, elle va « gêner » les activités du renseignement sur le terrain.  >   
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