8 morts dans 7 attentats à Tizi-Ouzou et Boumerdès
La Kabylie a vécu hier une nuit d’enfer à la suite d’une série d’attentats à la voiture piégée au TNT qui ont visé particulièrement les endroits abritant les forces de sécurité.
Au total, six engins ont explosé simultanément à différents endroits des wilayas de Boumerdès, limitrophe de la région kabyle, et Tizi-Ouzou, faisant un premier bilan provisoire de 8 morts et une quarantaine de blessés. De son côté, un communiqué du ministère de l’Intérieur revoyait à la baisse ce bilan. «Sept attentats à l’explosif ont été perpétrés mardi dans des localités des départements de Boumerdès et Tizi-Ouzou, causant la mort de 6 personnes, dont deux éléments des services de sécurité, et des blessures à 13 autres, dont 10 agents des services de sécurité», pouvait-on lire à travers ledit communiqué. Ainsi plusieurs véhicules piégés ont explosé, hier, à l’aube dans les wilayas de Boumerdès et Tizi-Ouzou, faisant passer aux populations des environs une sale fin de nuit, et priant, la peur au ventre, pour qu’aucun membre de leurs familles ne soit victime de ces lâches attentats. Tôt le matin, les gens ont commencé à sortir de chez eux, à la recherche d’informations. Ce n’est que vers huit heures que l’on commence à démêler le vrai du faux.
Ainsi, c’est d’abord la Brigade mobile de la police judiciaire (BMPJ) de Draâ Ben Khedda, située à la sortie ouest de cette ville, qui a vu le mur d’enceinte et les logements réservés aux familles de policiers soufflés par l’explosion d’une voiture piégée. Le bâtiment a terriblement souffert, les murs et les balcons ayant été endommagés alors que la toiture a vu l’un de ses pans donnant sur la RN12 sérieusement touché. Devant, un char se tenait en position et, à proximité, des effectifs impressionnants de la police essayaient de réguler la circulation qui se faisait de plus en plus dense sur cette même RN12. A une centaine de mètres de là, les restes de la voiture «explosée» jonchaient le sol, témoins hideux de l’acte barbare qui a coûté cher à la BMPJ. Ce sont en effet quatorze personnes, dont deux femmes de policiers surprises dans leur sommeil, qui ont été blessées. La noria des ambulances ajoutait au stress ambiant, et l’ambiance était à couper au couteau.
Plus à l’est, Mekla a été elle aussi la cible des terroristes islamistes. Devant le commissariat de police, une autre voiture a explosé pratiquement à la même heure que l’attentat cité précédemment, soit aux environs de 4h30 du matin. Là aussi les dégâts sont importants. La façade du commissariat donnant sur la rue a été carrément soufflée ; les morceaux de fenêtres et des débris de balcons étaient disséminés ici et là, et la carcasse de la voiture utilisée par les terroristes laissait deviner la grande puissance de l’explosion. Sur place, on a appris que deux policiers sont morts, un autre blessé alors que trois citoyens qui étaient au même moment dans les environs ont été légèrement blessés. Autour du commissariat de Mekla et dans un rayon de près de 500 mètres, les habitations ont plus ou moins souffert. Au moment où nous étions sur les lieux, on nous a signalé que, plus loin, à Boubhir, une localité située près du village agricole, les éléments de l’ANP ont été alertés à propos d’un véhicule piégé. Une Renault 4 stationnée sur les lieux avait effectivement attiré l’attention. Prévenus, les artificiers ont mis du temps pour intervenir car ils se trouvaient alors à Draâ Ben Khedda où venait d’avoir lieu le premier attentat. La voiture explosera quelque temps plus tard, touchant mortellement une personne qui se trouvait là par hasard.
Dans la wilaya de Boumerdès, les choses se sont déroulées d’une façon tout aussi tragique. C’est ainsi que, pratiquement à la même heure, c’est-à-dire vers 4h30 du matin, la brigade de gendarmerie de Souk El-Had, près de Beni Amrane a, elle aussi, souffert de l’explosion d’une voiture piégée qui a fait un mort. Au niveau de la ville de Si Mustapha, toujours dans la wilaya de Boumerdès, c’est un autre véhicule piégé, placé en face de la brigade de gendarmerie, qui a pratiquement rasé le bâtiment et fait quatre morts. Selon les gendarmes, les victimes sont les membres d’une famille qui était dans un véhicule empruntant cette route au moment de l’attentat. Enfin, au niveau de la ville de Boumerdès, c’est le commissariat qui a été ciblé. Il semble, selon les premières informations récoltées ici et là, qu’il y a eu plusieurs blessés.
L’aube de ce mardi était rouge en Kabylie. Les forces de sécurité, déployées sur le terrain, essayaient de calmer les esprits d’une population violemment tirée vers une sordide et sanglante réalité. Cette cascade d’attentats intervient à quelques mois de la tenue des élections législatives. Ces attaques coordonnées n’ont pas été revendiquées pour le moment. Mais les autorités soupçonnent les groupes terroristes affiliés au GSPC et qui refusent de déposer les armes, d’être responsables des différents attentats. Ces groupuscules sont toujours présents dans ces localités de la Kabylie. La région de Tizi-Ouzou et de Boumerdès sont souvent le théâtre d’affrontements entre ces groupes armés et les forces de sécurité. Ces attentats interviennent aussi au moment où la région connaît un nouveau redéploiement des forces de sécurité qui tentent de bloquer toutes les voies d’accès à ces groupuscules.
Pour rappel, à la fin du mois d’octobre 2006 déjà, les attentats de Derghana et Reghaia, près d’Alger, avaient fait 3 morts et une vingtaine de blessés. Des attaques suivies début décembre par un attentat à Bouchaoui contre le véhicule de transport du personnel d’une société algéro-américaine, BRC, qui avait fait au moins deux morts. Ces attentats avaient été revendiqués par le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), qui s’est rallié depuis septembre à la nébuleuse Al-Qaida d’Oussama Ben Laden et se veut son bras armé au Maghreb et dans le Sahel. Selon les autorités algériennes, le GSPC, fort de quelques centaines d’hommes, resterait le seul capable de mener des actions armées, après la reddition de la plupart des autres groupes islamistes qui ont choisi de bénéficier de la loi sur la réconciliation leur accordant l’amnistie en échange du dépôt de leurs armes.
M. Chabane & Hocine Adryen
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Posté Le : 14/02/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com