Algérie

Al Masriya en devient muette !




Les milliers de manifestants qui ont encerclé le siège de la télévision, empêchant les employés de rentrer et de sortir, laissent éclater leur joie et sympathisent avec les soldats. Une liesse populaire. Comme surprise, Al Masriya est tétanisée. Moment de flottement. A l’écran, l’animatrice bafouille et annonce qu’elle va repasser le court discours du vice-président. Pour reprendre son souffle – et sûrement pour savoir quelle attitude adopter – les clips patriotiques s’enchaînent, entrecoupés de l’allocution.
Sur Al Jazeera, c’est l’hystérie collective. Comme pour embrasser large, la chaîne qatarie explose l’écran en quatre fenêtres. Les journalistes s’effacent, laissant le téléspectateur partager la joie des Cairotes. Pendant cinq longues minutes, «tanaha», «rahala» (il a démissionné, il est parti) envahissent l’écran. Une jeune manifestante, en larmes, parle de nouvelle Egypte, d’un nouveau monde arabe. Très poignante, son émotion est contagieuse.
C’est l’heure du retournement de veste sur Al Masriya. L’animatrice qui, tout au long des deux dernières semaines, a fustigé les manifestants, leur intimant l’ordre de rentrer chez eux et les traitant au mieux d’inconscients, s’habille d’un sourire de circonstance, comme partageant la joie du peuple égyptien. Sauf que le sourire n’arrive pas aux yeux, se figeant en rictus. Alors, les lèvres tentent d’y pallier : «Nous remercions tous les jeunes pour ce qu’ils ont fait. Votre combat est nôtre, vos acquis sont nôtres, nous sommes tous Egyptiens. Les premiers jours, nous avons été abusés par de fausses informations. Nous sommes avec vous, et tous avec les forces armées.» Et comme la chaîne gouvernementale n’avait dépêché aucune équipe pendant tout le soulèvement, elle se retrouve réduite à une seule image de la place Tahrir, prise de loin. Les manifestants qui assiégeaient Al Masriya s’en détournent maintenant que le raïs est parti. Al Jazeera est au plus près de l’évènement, ses caméras sont au contact de la foule. Zoom sur une belle brune, yeux incandescents, fière. Ce sera l’image de cette journée, la dignité retrouvée. Elle regarde le cadre en face, rebelle. Le Caire, Assouan, Alexandrie, les mêmes images d’une fête commune. Un intervenant : «Les Arabes rentrent dans la modernité, les Arabes sont des démocrates comme les autres enfin ! Merci les Tunisiens, merci les Egyptiens. On attend les autres.»
Sur Al Masriya, le virage à 180 degrés tourne au ridicule. Les fervents supporters de l’ex-président deviennent tous des résistants. Sur des images pauvres, les doctours et les éditorialistes de la presse gouvernementale deviennent zélés et exigent des procès immédiats «des corrompus et des assassins qui ont tiré sur les manifestants». Les mêmes qui, quelques jours auparavant, accusaient les opposants d’être à la solde de forces étrangères. Le journaliste : «Comment faire pour que l’Egyptien retrouve confiance dans les institutions de son pays et dans les médias nationaux '» Un douctour en sciences politiques bégaie : «On fait confiance aux forces armées.» A partir d’aujourd’hui, focus sur le traitement des évènements en Algérie par l’ENTV.


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