Algérie

Al-Assad sur la voie de Kadhafi La Syrie s'achemine vers une guerre civile



Al-Assad sur la voie de Kadhafi                                    La Syrie s'achemine vers une guerre civile
Depuis huit mois, une moyenne de vingt Syriens meurt sous les balles du régime de Damas, de plus en plus isolé du reste du monde. Depuis le 15 mars, la pression populaire s'est accentuée contre Bachar al-Assad qui a échoué, malgré toutes les réformes politiques qu'il a proposées, à apaiser la colère de son peuple, déterminé à le chasser du pouvoir définitivement. Après huit mois de manifestations, le bilan est lourd : plus de 3 500 personnes ont été tuées par les services de sécurité, parmi elles des femmes et des enfants, des milliers de militants ont disparu et des civils sont systématiquement emprisonnés et torturés par les milices du régime et les membres de la police politique. L'armée, fidèle au Président syrien, a eu recours même à l'arme lourde pour faire taire la contestation de l'opposition, notamment à Homs, le fief du mouvement populaire qui a été déclenché dans le sillage des révoltes qui ont secoué le monde arabe depuis le début de l'année 2011. Choqué, le monde entier a appelé l'Organisation des nations unies à prendre des sanctions contre le régime de Damas qui n'est pas à son premier massacre contre son peuple. Al-Assad père a fait pire. C'était il y a trente ans. Hafez al-Assad, père de Bachar, a supervisé lui-même le massacre commis par son armée à Hamma, la quatrième plus grande ville syrienne, en 1982. Entre 20 000 et 50 000 Syriens ont péri dans les bombardements aériens et à l'artillerie en un mois de siège contre Hamma où des militants du mouvement des Frères musulmans avaient protesté contre le pouvoir absolu du parti Baath. En 2011, al-Assad fils, au pouvoir depuis 2000, renouvelle cette meurtrière expérience contre les habitants de Deraa où l'intervention des services de sécurité, appuyés par les milices du parti Baath (au pouvoir), a fait des dizaines de morts en l'espace de quelques jours. De nombreuses autres personnes ont disparu après avoir été arrêtées chez elles ou carrément enlevées. Des fosses communes ont été découvertes par les habitants de cette ville qui avait mené au début le bal de la contestation contre le pouvoir absolu de Bachar al-Assad et de la minorité alaouite à laquelle il appartient. Assuré du soutien russe et chinois, Bachar al-Assad a redoublé de férocité et s'est employé à user de la violence d'une manière systématique, à tel point que les défections ont commencé progressivement à être enregistrées dans les rangs d'une armée que l'on pensait unie contre le peuple syrien. Les premières désertions avaient été enregistrées au sein des simples soldats qui ne pouvaient plus supporter la sauvagerie des interventions des services de sécurité sur le terrain, devant des manifestants pacifistes et désarmés. Ce n'est que par la suite que des hauts responsables au sein de l'institution militaire ont commencé à se retirer et avaient fini par rejoindre la contestation populaire. Des officiers de haut rang et des soldats déserteurs, dont le nombre est estimé à 17 000 personnes, se sont ainsi regroupés dans le nord frontalier avec la Turquie pour créer l'Armée syrienne libre (ASL). Joignant sa voix au Conseil national syrien (CNS), l'ASL s'est donné comme objectif de «faire tomber le régime actuel, protéger les biens publics et privés et empêcher l'anarchie dès la chute du régime ainsi que tout acte de vengeance». Elle est dirigée par Riad Al-Assad, un colonel déserteur réfugié en Turquie. Celui-ci a été rejoint par la Brigade des officiers libres, fondée par le lieutenant-colonel Hussein Harmouche à la fin du mois d'août. Pour rappel, le lieutenant-colonel Harmouche a été le premier officier de l'armée à annoncer, début juin, sa désertion pour protester contre la répression. Outre la défection d'une partie de l'armée, le régime de Damas s'est mis à dos la Ligue arabe qui, aujourd'hui, a décidé de prendre des sanctions diplomatiques contre al-Assad s'il n'arrête pas sa répression contre ses gouvernés. Actuellement, il ne lui reste que le soutien de Moscou et de Pékin mais leur soutien peut basculer dans l'autre camp selon leurs intérêts immédiats et futurs. En dehors du Liban voisin, qui n'est ni dans le soutien conditionnel ni en faveur d'une aggravation de la situation en Syrie, ce qui risque de le contaminer, le régime de Damas a perdu ses appuis les uns après les autres. Même si l'Iran continue de crier au complot occidental contre la Syrie, Bachar al-Assad ne peut compter vraiment sur l'aide de Téhéran, lui aussi sous pression occidentale en raison de son programme nucléaire controversé. En l'espace de quelques mois, ayant géré la crise politique par la violence, Bachar al-Assad a réussi à créer le vide autour de lui. Son régime est aujourd'hui isolé. L'ASL est entrée en action en s'attaquant à plusieurs symboles du régime de Damas. Des informations font état d'un flux important d'armes en circulation en Syrie parmi des civils volontaires pour combattre l'armée régulière. Dans un entretien accordé à l'hebdomadaire britannique The Sunday Times, le président de la Syrie a ouvertement déclaré qu'il est prêt à combattre et à mourir en cas d'intervention étrangère, une option qui se confirme de jour en jour vu l'ampleur des massacres commis contre les civils syriens en dépit de tous les appels à l'arrêt des violences policières contre les manifestants à Damas et dans d'autres villes syriennes comme Homs. «Mon rôle de Président est dans l'action (...) La seule solution est (...) de chasser les bandes armées, d'empêcher l'entrée d'armes et de munitions depuis des pays voisins (...) et de faire respecter la loi et l'ordre», a-t-il dit. «La Syrie ne s'inclinera pas», a-t-il insisté. Hier, au moins quatre personnes ont été tuées dans de nouvelles manifestations, selon l'organisation locale de défense des droits de l'homme. Dimanche, le siège du parti Baath à Damas a été la cible de deux tirs de lance-grenades RPG. En résumé, le développement des évènements en Syrie fait craindre le basculement du pays dans la guerre civile, ce qui n'arrange pas les intérêts ni du pays ni des Etats de la région qui risque ainsi de connaître un nouvel embrasement.
L. M.


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