Algérie

Al Assad brouille les cartes


Al Assad brouille les cartes
L 'opinion s'attendait à une suite à la Conférence de Genève pour la paix en Syrie tenue en janvier dernier, même si elle avait débouché sur un échec. Il y en a eu effectivement une, mais ce n'est en aucun cas la bonne ou qui permette tout juste d'entretenir l'espoir. Cela fait trois ans que la Syrie se disloque, et sa population divisée puis éparpillée, mais il n'y a absolument rien en vue. Pire que cela, le régime syrien, qui entend vraisemblablement être le maître du jeu, en a rajouté une couche ou bloquant toute perspective. Aussi vient-il de lancer les préparatifs de la prochaine élection présidentielle avec une loi électorale excluant l'opposition en exil. Les analystes n'ont retenu que ce volet stipulant expressément que chaque candidat doit «avoir vécu en Syrie pendant une période de dix ans de manière continue au moment de présenter sa candidature et ne doit pas avoir une nationalité autre que syrienne», excluant d'un trait de plume tous ceux qui ont choisi l'exil depuis le début de la crise en Syrie en mars 2011.Là n'est pas l'essentiel pour l'émissaire international.C'est le principe même de l'élection contre laquelle s'élève Lakhdar Brahimi, estimant que cela sonnerait le glas de la négociation qu'il avait patiemment mise sur pied. Ce sera la poursuite de la guerre face à un refus manifeste de toute solution, quand bien même le principe avait été accepté par les parties en conflit. «S'il y a une élection, je soupçonne que l'opposition, toute l'opposition, ne sera probablement pas intéressée pour discuter avec le gouvernement», a déclaré M. Brahimi, persuadé apparemment que tout n'est pas encore joué, n'en voulant pour preuve que le fait que la date de la prochaine consultation électorale n'a pas été fixée. On serait presque tenté de croire qu'il y a là omission volontaire. La réaction de M. Brahimi a bien entendu suscité la réaction des autorités syriennes qui l'ont accusé d'avoir «outrepassé» son rôle. Intervenant jeudi devant le Conseil de sécurité, M. Brahimi a accusé Damas de vouloir retarder les négociations. Ou encore, de laisser entendre qu'il est prêt à «discuter de tous les problèmes (pendant les négociations) mais a donné la nette impression d'employer des man?uvres dilatoires et de ne pas vouloir discuter de la mise en place d'un organe gouvernemental de transition».Tout compte fait, le régime syrien ne semble pas s'être écarté d'une ligne qu'il avait fixée, pour avoir fait savoir par écrit au Conseil de sécurité le 25 novembre dernier que «la lutte contre le terrorisme visant les citoyens syriens est un point crucial pour la réussite de toute solution pacifique à la crise en Syrie, et pour donner au processus politique une crédibilité aux yeux du peuple syrien». Cela a été répété lors des deux rounds de pourparlers auxquels M. Brahimi avait décidé de mettre fin le 15 février dernier. Bachar Al Assad n'exclut pas depuis l'automne dernier l'intention de briguer un nouveau mandat de sept ans déclarant même très récemment qu'il y avait de «fortes chances» qu'il le fasse. En vertu de la nouvelle Constitution adoptée en 2012, le scrutin sera ouvert à plusieurs candidats. Mais en théorie seulement, car si le parti Baâth n'exerce plus aucune suprématie, la nouvelle loi électorale est un véritable verrou. Si donc le processus de négociation semble sérieusement compromis qu'en sera-t-il alors pour la Syrie où plus de 140 000 personnes sont mortes et la situation humanitaire est de plus en plus dramatique avec 9 millions de personnes contraintes à la fuite, soit la plus large population de déplacés au monde, selon l'ONU ' Rien ne semble arrêter cette guerre.


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