Les éditions B.M.L. viennent de publier le dernier livre de Lamine
Benallou, intitulé: «Al-Andalous, voyage dans la mémoire». On ne sait pas en
fait si on doit proprement parler d'un livre d'histoire ou d'un roman.
Là est d'ailleurs la
particularité de cet ouvrage dont l'auteur a réussi le pari de rendre
«attractif» un tas de détails historiques en les imprégnant dans le bain de la
fiction. Le pitch est on ne peut plus clair : trois amis, de confessions
différentes, décident d'entreprendre un périple à travers toutes les villes
espagnols que comprend l'Andalousie. Mohamed le musulman, Jésus le chrétien, et
David le juif. C'est donc au détroit de Gibraltar que débute leur périple, qui
va se poursuivre à travers une vingtaine de villes andalouses, d'Algerisas à
Almeria en passant par Malaga, Antequera et Séville, pour finalement «échouer»
au point de départ, c'est-à-dire Grenade, leur ville d'adoption. En fait,
chaque chapitre détaille avec minutie une ville spécifique. Et au final, cette
longue traversée les conduit sur les traces de la civilisation
hispano-musulmane et les laisse stupéfaits face à la richesse mirifique dont
regorge l'ancien royaume d'Andalousie, celui tenu par les Almoravides, ces
musulmans qui ont régné sur cette partie de la terre d'Espagne entre le XIe et
le XIIe siècle.
L'ouvrage regorge d'informations
et d'anecdotes proprement historiques, et bien souvent, au fil des chapitres,
le lecteur ne sait plus s'il s'agit d'un roman ou d'un traité d'histoire. Le
volet «historique» de ce bouquin émane principalement des nombreuses
conversations entre les trois principaux personnages, qui, à tour de rôle, ont
endossé le costume de professeur, pour une petite séance d'histoire. Quant au
choix des personnages, chacun spécifiant sa propre religion, est en vérité une
décision mûre de sens : il ne faut pas oublier que la particularité de ce
voyage, à travers l'espace et le temps, nous emmène, comme le dit l'auteur, à
une époque où se développa «l'un des plus prodigieux dialogues interculturels
de l'humanité»… A partir de là, pour illustrer cette époque, quoi de mieux en
effet que de la faire découvrir par trois amis, chacun représentant, à sa
manière, sa propre religion monothéiste ?
L'auteur s'est voulu pointilleux
au possible sur toutes les données dont regorge son ouvrage, mais sans pour
autant entrer dans le domaine du «technique». De ce fait, la lecture de ce
roman, car au bout du compte c'en est bien un, se fait fluide et limpide.
Hispaniste dans le cœur, Lamine
Benallou est enseignant universitaire. Il a déjà à son actif deux livres,
sortis respectivement en 1998 et en 2004, et est l'auteur d'une thèse sur
l'écrivain espagnol Juan Goytisolo. Il a par ailleurs été, de 1994 à 1999, le
directeur culturel de la fondation «El legado andalusi» à Grenade, où il vit
jusqu'à ce jour. Il signe là son troisième ouvrage, qui, au passage, est
préfacé par Javier Galvan, le directeur de l'Institut Cervantès d'Oran.
Ce voyage dans la mémoire est un
hymne à la tolérance et à la fraternité, une ode au mélange et au métissage.
Mais encore, c'est aussi un fabuleux hommage rendu aux villes et aux décors de
l'Andalousie actuelle, cette terre qui fut jadis le centre du monde. On peut
d'ailleurs reprendre, comme écrit dans le livre, cette célèbre phrase attribuée
au XIXe siècle à Pedro Antonio de Alarcon : «Qui ne connaît ni n'admire
Granada, même s'il ne l'a jamais vue ?»
Bref, à tous ceux qui aiment
joindre l'utile à l'agréable, qui aiment à la fois s'enrichir culturellement
tout en ne s'ennuyant pas, ce livre est fortement conseillé. Aujourd'hui à 15
heures, une vente dédicace est prévue au siège de l'Institut Cervantès d'Oran.
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Posté Le : 17/04/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : El Kébir A
Source : www.lequotidien-oran.com