Akli Yahiatène se produira à Paris aujourd'hui

C'est un jeune homme de 87 ans qui montera sur scène pour animer un concert de plus de deux heures.Il s'agit d'Akli Yahiatène, l'un des piliers de la chanson kabyle, l'un de ses pionniers aussi. Akli Yahiatène battra donc un second record. Après avoir produit un album à l'âge de 86 ans en novembre 2018, il montera sur scène pour rencontrer ses centaines de fans qui appartiennent à toutes les générations de Kabyles, depuis les années cinquante à nos jours. La rencontre exceptionnelle avec le mythique Akli Yahiatène aura lieu au «Cabaret sauvage», aujourd'hui dimanche 28 avril 2019 à 15 heures, a affirmé l'artiste qui occupe toujours le devant de la scène et des médias. C'est la première fois qu'Akli Yahiatène animera un concert depuis l'édition de son dernier album intitulé «Emmi» (Mon fils) sorti en novembre 2018. Il s'agit donc d'une occasion inespérée pour ses amoureux de voir leur idole sur scène. Akli Yahiatène interprétera, pour la première fois, sur scène, les huit chansons de cet album dont la qualité artistique est extrêmement raffinée.
Une étoile qui continue à briller
Akli Yahiatène, du haut de ses 87 ans, n'a rien perdu de sa belle voix, de son talent d'interprète exceptionnel et de sa verve. Les mélodies et les textes avec lesquels il a habillé ces huit chansons n'ont rien à envier à l'ensemble de l'oeuvre artistique monumentale de l'auteur de la légendaire chanson «El Menfi». Akli Yahiatène est considéré à juste titre parmi les meilleurs chanteurs algériens d'expression kabyle et arabe puisqu'il compte plusieurs chansons dans la langue arabe dont la fameuse «El Menfi». Il est de la même génération que le pilier Slimane Azem, Cheikh El Hasnaoui, Kamel Hamadi, El Hadj Mhamed El Anka, Allaoua Zerrouki... D'ailleurs, quand, dans les années cinquante, il avait commencé à baigner dans le milieu artistique, ce sont ces piliers de la chanson algérienne qu'il avait fréquentés. Ce qui était une chance et une aubaine car la carrière d'artiste n'était pas du tout une sinécure surtout à l'époque où le domaine de la chanson était très exigeant et extrêmement «fermé». Mais Akli Yahiatène était doté de tous les ingrédients qui allaient faire de lui l'étoile qui luira et qui luit toujours dans le ciel de la chanson kabyle. L'une des premières chansons qu'il avait composées et chantées n'est autre qu'«El Menfi» qui reste à ce jour comme un titre phare des plus magnifiques, chantés par un artiste algérien. Cette chanson est tellement belle qu'elle a été reprise par de célèbres artistes aussi bien algériens qu'étrangers à l'instar de Cheb Khaled, le regretté Rachid Taha et le chanteur libanais Alâa Zalzali, entre autres. Akli Yahiatène a toujours privilégié la qualité sur la quantité.
Des chefs-d'oeuvre
C'est pourquoi, durant toute sa carrière de plus d'un demi-siècle, il n'a produit que huit albums. Mais tous sont considérés comme des chefs-d'oeuvre, de l'avis des mélomanes unanimes. Il suffit de citer quelques-uns de ses titres pour s'en rendre compte aisément: Zrigh ezzine du Michelet, Jahhegh bezzaf damezyane, Tamurt idurar, Laâyun tawes, A leâlam, taremant, Aminigh awal, etc. Toutes les chansons de Akli Yahiatène sont des chefs-d'oeuvre que les autres artistes, débutants ou anciens rêvent d'interpréter. Elles ont d'ailleurs fait l'objet de reprises, voire de piratages sans même qu'Akli Yahiatène ne soit consulté pour donner son accord ne serait-ce que par respect.
Akli Yahiatène a, à maintes reprises, exprimé son dépit face à ce manque de considération aux auteurs des chansons qui sont reprises avec une légèreté déconcertante. Originaire du village Ath Mendès près de Boghni dans la wilaya de Tizi Ouzou, Akli Yahiatène y vit toujours. Sa modestie n'a d'égal que son talent artistique unique.
A 87 ans, Akli Yahiatène chante toujours, écrit et compose des musiques, édite un nouvel album, se déplace en solo comme un simple citoyen aussi bien à Boghni, Tizi Ouzou, Alger qu'ailleurs.
Quand on l'interroge: quel est le secret de cette vitalité qui demeure intacte à l'âge de 87 ans, Akli Yahiatène donne toujours la même réponse: c'est un don de Dieu.