Algérie

Akid Lotfi, Haï Yasmine…: Des logements sitôt acquis, sitôt mis en vente ou à louer !


Les cités ne sont pas sitôt réceptionnées que déjà des logements sont mis en vente ou proposés à la location par les nouveaux et heureux propriétaires. Les exemples sont nombreux et nous viennent de Haï Yasmine, Akid Lotfi ou encore de la cité AADL dite de la Pépinière où certains bénéficiaires de distribution de logements remontant à quelques années seulement expriment déjà leur désir de vendre ou louer leur appartement: «Particulier vend un joli F4, duplex meublé et bien aménagé au 3e étage, sis à Haï El Yasmine, dans un immeuble très calme et sécurisé de 3 étages, bien ensoleillé, 2 façades disposant à l'entrée d'un petit hall, salon avec climatiseur, cuisine…» ou «Particulier vend F4, 2e étage, très belle cité avec jardin, femme de ménage, gardien de nuit, à cité El Chourouk, Akid Lotfi…» ou encore: «Je loue un bel appart à Oran (AADL USTO), en face de la fac de technologie pour les vacances à partir du premier juillet jusqu'au 1er octobre, il est meublé de tout, eau h24, chaude, parking sécurisé, quartier calme. La location est de 5 jours et plus…», peut-on lire, entre autres annonces détaillées, mises en ligne par des sites internet spécialisés dans l'immobilier. Les prix proposés et naturellement toujours ouverts à la négociation varient, même si pour la majorité ils excèdent le milliard de centimes. C'est ainsi que le propriétaire du F4 de Haï Yasmine demande 11 millions de DA alors que celui de Akid Lotfi, dont le cadre de vie s'est nettement amélioré depuis la réalisation du Centre des Conventions d'Oran, évoque la somme de 12 millions DA. Quant au propriétaire du logement de l'AADL, il propose de louer son appartement pour les vacances d'été à 200.000 DA...Et les intentions de vente ou de location qui ne sont pas sur la Toile se retrouvent naturellement chez les agences immobilières ou circulent de bouche à oreille entre courtiers de tous bords. Une situation qui conforte cette conviction que «tout est à vendre à condition d'y mettre le prix» que l'Algérien moyen s'est forgé durant ces dernières années: «Nous voyons tous les jours des gens accepter de revendre un produit qu'ils viennent juste d'acquérir parce qu'un anonyme leur aura permis de faire des bénéfices: qu'il s'agisse de maisons, voitures ou téléphones portables, l'attitude est la même chez presque tout le monde. On achète pour revendre et non pour posséder, pourvu qu'il y ait plus d'argent à la clé». Ce que, par exemple, tout le monde peut constater dans les marchés informels de voitures où l'écrasante majorité des véhicules proposés à la vente a moins de deux ans d'âge. Et le fait que des appartements presque flambant neufs, situés dans des cités nouvellement réalisées, soient déjà mis en vente - les plus cyniques affirment qu'ils l'étaient avant même leur construction - tend à conforter cette hypothèse malgré la persistance de la crise du logement dans le pays et en dépit du contexte de contestations, souvent violentes, qui avait marqué les opérations d'attribution.
UN LOGEMENT PAR-DESSUS TOUT
Un bref retour en arrière permet de se rappeler que les distributions de logements n'ont jamais été faciles et n'ont presque jamais eu lieu dans le calme et la sérénité, en raison de la longue attente des souscripteurs mais aussi et surtout à cause des suspicions de trafic qui ont toujours accompagné la publication des listes des bénéficiaires. On se souvient que de la bruyante contestation de demandeurs de logements en 2005, lors de la remise des clefs aux bénéficiaires des 1.377 logements AADL de l'USTO, de l'explosion de colère des déçus du tirage au sort pour l'attribution des 790 logements sur les habitants des Planteurs qui avait eu lieu en 2006, suivie une année plus tard par celle, plus violente, que le même Palais des sports avait enregistrée à l'issue du tirage au sort pour l'attribution des 1.000 logements (affrontements, blessés et arrestations avaient marqué les troubles) et de dizaines d'autres mouvements plus ou moins violents qui ont accompagné chaque opération de distribution de logements. On se souvient également de l'enquête sur le mode d'affectation des logements que le chef de l'Etat avait ordonnée alors qu'il effectuait une longue visite d'inspection dans la wilaya d'Oran, en réponse à la manifestation de protestation que les habitants de Haï Yasmine avaient organisée sur son passage, cet août 2007.
Aujourd'hui encore, les émeutes du logement continuent de faire l'actualité oranaise, au même titre que toutes les autres wilayas du pays où il est question d'opération de distribution. C'est dire à quel point les demandeurs de logements avaient et ont à c?ur de prendre possession de leurs nouveaux appartements pour pouvoir accéder à une vie plus digne, débarrassée de la promiscuité et de la crainte des effondrements.
Mais lorsqu'après quelques années, des appartements si durement acquis sont mis en vente comme n'importe quel autre produit commercial, le doute ressurgit et les interrogations sur une partie des bénéficiaires et leurs motivations s'imposent d'elles-mêmes.
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