En lançant la construction des 4618 logements de Haï Akid Lotfi en 2001,
les pouvoirs publics avaient retenu comme priorité d'éviter les erreurs
commises par le passé et illustrées par une urbanisation anarchique de certains
sites où le béton avait laissé peu de place aux aires de détente et autres espaces
verts. Moins de dix ans après, la cité Akid Lotfi à Oran-est semble pour une
majorité de ses quelques 25.000 habitants en phase de devenir une «cité
dortoir». Beaucoup estiment en effet, qu'on est en train de reproduire les
mêmes erreurs du passé, tant cette nouvelle cité manque cruellement d'espaces
verts, d'aires de jeu pour les enfants et autres structures culturelles pour
les jeunes.
Pourtant, en examinant de près les recommandations du plan d'occupation
des sols (POS) Oran-Est, on se réjouissait de constater une multitude de
surfaces vertes que l'urbaniste a jugé utile de prévoir afin d'aérer ce
groupement d'habitations à forte concentration de population et d'apporter à
ses occupants un minimum de bien être et d'animation sociale.
Seulement entre les recommandations théoriques et la réalité du terrain,
l'écart semble bel et bien creusé. Sur cinq ou six terrains destinés à la
fonction d'espaces verts au niveau de la cité El Akid Lotfi, selon les
recommandations du POS, trois ont déjà changé de vocation. Un constat amer, que
les responsables de l'association de quartier «El Moussalaha» d'El Akid Lotfi,
n'ont pas manqué d'exprimer à divers occasions aux responsables locaux, selon
le président de l'association, M. Yahiaoui.
Notre interlocuteur explique qu'un projet en cours se fait sur un terrain
qui, à la base, était destiné à servir d'espace vert. Il cite également le cas
du terrain qui fait actuellement office d'entrepôt pour les besoins du chantier
du palais du congrès. Ce même changement de vocation est constaté dans la zone
«E» de la dite cité, où un terrain désigné par le POS sous l'appellation «E5»
pour servir à l'aménagement d'un espace vert et à la construction d'un centre
culturel, est actuellement utilisé pour l'édification d'une école de six
classes, a ajouté la même source. «La construction d'une nouvelle école pour
nos enfants est certes une bonne chose en soi, mais il aurait mieux valu
achever d'abord l'autre école de 12 classes située dans la zone H, dont les
travaux sont à l'arrêt depuis plus de deux ans, avant de penser à lancer la
construction d'une nouvelle école. Avec ces douze classes qui s'ajoutent aux
six déjà existantes, il aurait été plus judicieux de laisser au terrain sa
vocation initiale», a estimé M. Yahiaoui. Concernant les autres assiettes
prévues par le POS pour servir d'espaces verts, elles sont actuellement à
l'abandon. Rien n'empêche donc, à l'avenir, qu'elles subissent le même sort que
les autres terrains déjà détournés de leur vocation initiale pour servir à
d'autres projets, même si on peut leur reconnaître une certaine nécessité,
affirment par ailleurs les habitants de la cité. Cette crainte est d'autant
plus justifiée devant la rareté de plus en plus ressentie des terrains
urbanisables. Une rareté qui a souvent poussé les pouvoirs publics à sacrifier
en premier lieu les terrains destinés à servir d'espaces verts au profit
d'autres équipements.
Pourtant d'aucuns estiment que les espaces verts contribuent à la
valorisation de la composante paysagère des villes, à l'amélioration du cadre
de vie en milieu urbain et constituent pour la population, des espaces
conviviaux de loisirs et de détente. Il y a donc nécessité de veiller à leur
préservation par des actions d'entretien, à les développer et à les promouvoir
par des programmes de renouvellement. C'est ce qui justifie l'adoption en
septembre dernier par le Conseil de gouvernement d'un décret exécutif concernant
le secteur de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme
qui fixe les modalités d'organisation et de fonctionnement de la commission
interministérielle des espaces verts, conformément aux dispositions de la loi
n°07-06 relative à la gestion, à la protection et au développement des espaces
verts dans le cadre du développement durable.
Tout manque d'égard envers le cadre de vie serait donc en complète
contradiction avec la politique actuelles des pouvoirs publics. Un manque d'égard
qui a déjà été par le passé, notamment durant la décennie noire, à l'origine de
la disparition de plusieurs espaces verts qui faisaient pourtant la fierté
d'Oran.
Partant de cet état de faits, la division de l'urbanisme de la commune
d'Oran a élaboré dernièrement une étude relative au schéma directeur des
espaces verts qu'elle a soumise à la commission technique de wilaya, qui l'a
approuvée. Cette étude en deux phases concerne l'identification de l'ensemble
des espaces verts, la détermination de leur cadre juridique et enfin leur
classification soit en jardin, en rond-point, en terre plein, ou en espace de
dépendance, entre autres. Pour un coût de 200 millions de centimes, elle devra
servir comme outil de gestion sur lequel reposera toute la stratégie d'intervention
sur les espaces verts. Il s'agit là d'une première pour la ville d'Oran,
puisqu'à travers ce schéma directeur les différents services auront à leur
disposition une cartographie de l'ensemble des espaces verts de la ville. La
mise sur pied de cette cartographie devrait permettre la préservation des rares
espaces verts qui n'ont pas encore été envahis par le béton.
Posté Le : 11/02/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : H Barti
Source : www.lequotidien-oran.com