Algérie

Akbou : Le CEM de Sidi Ali fermé



Le CEM du quartier Sidi Ali, en surplomb de la ville d'Akbou, a été évacué au lendemain du séisme qui a ébranlé la wilaya de Béjaïa le 19 mars dernier.Depuis, les élèves de ce collège sont scolarisés au lycée de Tiherkatine, une localité distante de Sidi Ali de quelques centaines de mètres à vol d'oiseau. «La décision de fermeture a été prise par le conseil de gestion de l'établissement et entérinée par la direction de l'éducation», a déclaré le directeur du CEM, informant que le rapport du CTC a classé la structure du collège dans la catégorie «orange 3». «Ce n'est un secret pour personne; l'établissement a été érigé sur un terrain marécageux et instable. Dans nos multiples rapports adressés au cours de ces dernières années à qui de droit, nous avons signalé des signes de fragilité de la structure», a rappelé notre interlocuteur.
Sollicité pour donner un avis sur la question, un ingénieur urbaniste a souligné que les constructions classées «orange 3» sont hors d'usage, car elles représentent un danger potentiel pour leurs occupants. «Il y a un risque majeur d'effondrement, au cas où la terre venait à trembler, ou en cas de glissement de terrain. Le confortement de ces structures est une impérieuse nécessité. C'est une opération qui peut prendre énormément de temps et dont le coût peut s'avérer exorbitant», a-t-il expliqué.
Pourtant, nul besoin d'être un clerc ou de détenir la science infuse pour remarquer que l'assiette d'implantation du CEM de Sidi Ali est non ædificandi, autrement dit inconstructible. Il y a dans les parages tellement de signes et des anomalies qui crèvent les yeux : des bâtisses inclinées, des maisons aux murs parcourus de lézardes, des demeures inhabitées, car «inhabitables», apprend-on. «On a même érigé à Sidi Ali plusieurs dizaines de logements sociaux inscrits à l'indicatif de l'OPGI, et qui demeurent inoccupés à ce jour», dira un citoyen d'Akbou.
Pour réaliser le CEM, on avait, semble-t-il, fait l'impasse sur l'étude géotechnique pour anticiper le mouvement du sol. En tout cas, des parents d'élèves de Tifrit, un village voisin, en ont l'intime conviction. «Bien avant le lancement du chantier, au tout début des années 2000, nous avions attiré l'attention des autorités que la construction d'un équipement public, un établissement d'éducation de surcroît, sur un terrain marécageux et instable et jouxtant deux ravins, était insensée. Nous avions vainement saisi toutes les instances concernées à tous les niveaux, y compris la présidence de la République par le biais d'une lettre ouverte. Nous avions même organisé des actions de protestation. Nous avions défendu l'intérêt général qui recommandait d'implanter ce CEM à Tiharkatine, à quelques centaines de mètres de Sidi Ali», rappelle un parent d'élève du village Tifrit. Que de démarches infructueuses, de doléances sans suite et de requêtes restées lettre morte, déplorent nos interlocuteurs.
Leurs cris sourds ont eu des échos tout aussi assourdissants. La mise en route du chantier devait consacrer le triomphe de la déraison sur le bon sens. «Il y a anguille sous roche», suppute un villageois, laissant clairement entendre que le choix de ce site avait obéi à des desseins inavoués. «On a fini par sacrifier l'intérêt de nos enfants sur l'autel des calculs mesquins et des intérêts occultes», accuse un autre citoyen. «Aujourd'hui, conclut-il, l'histoire nous donne raison. On se félicite de ne pas avoir à déplorer des pertes en vie humaine. Heureusement que la pandémie de la Covid-19 a permis de caser les collégiens de Sidi Ali au lycée de Tiherkatine. Mais, il va quand même falloir trouver une solution définitive, en prévision d'un retour à la normale».
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