Algérie - Concepts et leçons

Aïssa Ibn Messaoud Abou Rrouh el-Manguelatti el-Zwawi.



Aïssa Ibn Messaoud Abou Rrouh el-Manguelatti el-Zwawi.
Savants musulmans kabyles (05):
Au 13 ème siècle de l'ère chrétienne (07 ème siècle de l'Hégire), les villages kabyles enfantaient des savants qui faisaient autorité dans plusieurs domaines scientifiques. C'était le cas du village Tawrirt n'At Manguellet dans la région de Ain El-Hammam à Tizi-Ouzou, qui a vu naître l'un des plus influents encyclopédistes de l'histoire de l'Islam, en l'occurrence, Aïssa Ibn Messaoud Abou Rrouh el-Manguelatti el-Zwawi.
(عيسى بن مسعود أبو الروح المنڨلاتي الزواوي).
Ce philosophe, théologien, géographe, enseignant universitaire et juriste d'envergure internationale, né en 1255 à Tawrirt At Manguellet, dans les hauteurs de Ain el-Hammam, représentait le summum de l'effort intellectuel et juridique de l'école malékite. L'Encyclopédie koweïtienne dit de lui qu'il est l'autorité suprême de l'école malékite dans tout le Cham et dans toute l'Égypte.
Il a appris le Coran en bas âge, et s'est initié au droit et à la linguistique très très jeune auprès son maître, le juriste Mohamed Abdousamad, fagih de Ain el-Hammam.
Puis, il rejoignait Bejaia, capitale mondiale du savoir, de la science et de la civilisation à cette époque, où il a parachevé son cursus universitaire auprès du célèbre savant kabyle, le jurisconsulte Ali Abou Youcef Yacoub Zwawi.
Ensuite, il a entamé ses pérégrinations qui ont fait de lui le kabyle le plus célèbre du 13 ème siècle et au-delà.
D'abord, en Égypte où il s'est installé en Alexandrie où il a pu rencontrer de nombreux savants et juristes; ensuite, en Tunisie où il s'est installé à Gabès. Là-bas, on lui a réservé un accueil particulièrement chaleureux digne de son statut de savant encyclopédiste au point qu'on lui a ouvert les portes de toutes les écoles, en plus de sa désignation comme Juge de la ville pendant deux années consécutives.
Enfin, il regagnait de nouveau Alexandrie où il a exercé la fonction de Juge durant deux ans avant de battre ses ailes pour le Caire, un pôle important du savoir et de la science.
Au Caire, il s'est imposé par son incroyable intelligence. Il a enseigné à l'Université d'Al-Azhar où sa célébrité a fait de lui le savant le plus suivi et le plus convoité par les étudiants venus des quatre coins de la terre. Il a été contacté par le célèbre savant Charaf Ddin Demyatti dont il s'est lié d'amitié.
Du Caire, il part vers Damas, un autre haut lieu de savoir et plaque tournante de la civilisation islamique, où il a été nommé vice-ministre de la justice par le Juge des juges, le juriste kabyle Mohamed Ben Solaïmane Ben Soumer el-Barbari, lui-même de Ain el-Hammam; comme il a été désigné comme professeur rattaché à l'Université Omeyade de Damas où il a rencontré le Cheikh Ibn Taymia avant le débat historique qui les opposa en Égypte.
En effet, à cause de ses avis très controversés sur plusieurs questions relatives, notamment, à la croyance et au dogme, le Cheikh Ibn Taymia a été convoqué par la Justice pour s'expliquer devant le Roi d'Égypte Nasser Ahmed Ben Qaloune, et sous la présidence du ministre de la justice (Juge des juges), le chafiite Badr Ddin Ben Djamâa, et avec la présence des juges et des juristes des quatre écoles juridiques, le Cheikh Ibn Taymia n'a été battu, dans ce débat historique, que par les arguments du kabyle Abi Rrouh el-Manquellati. Certains historiens ont dit que Ibn Taymia resta bouche-bée devant l'argumentaire de l'Encyclopédiste kabyle el-Manquellatti et n'a pu dire, en soupirant, que "Il n'y a de divinité qu'Allah".
Pour finir, il faut également préciser que c'est à el-Manguellati que revient le grand mérite de rapporter l'entretien historique qui a eu lieu entre l'Imâm Malik et le Calife Abi Djaâfar el-Mansour.
Cet entretien a été même publié par les autorités saoudiennes par le biais du Conseil des grands savants dans ses travaux de recherche dont le texte débute comme suit : " Aissa Ben Messaoud Zwawi a rapporté, au sujet de l'entretien qui s'est tenu entre l'imam Malik et Abi Djaâfar el-Mansour, ce qui suit : Malik a dit ...".
Parmi ses œuvres, on cite :
- Exégèse du Sahih Muslim (شرح صحيح مسلم )
intitulé "parachèvement de la complétude" (إكمال الكمال) en 12 volumes ;
- Exégèse du manuel d'Ibn El-Hadjeb (شرح مختصر ابن الحاجب) en 07 volumes ;
• Exégèse de la Moudawana de l'Imâm Malik (شرح المدونة) ;
• Exégèse des références-mères de Ibn el-Hadjeb (شرح جامع الأمهات);
• Les documents et rites de la science géographique
; (الوثائق و المناسك في علم المساحة)
• Le livre d'histoire : de Adam jusqu'à nos jours en 10 volumes
; (كتاب في التاريخ : من آدم إلى زمنانا)
• Le livre des vertus de l'Imâm Malik (مناقب الإمام مالك) ;
• Le livre des vertus de l'Imâm Chafiï (مناقب الإمام الشافعي ).
En 1342, le célèbre savant kabyle Aissa Ibn Messaoud Abou Rrouh el-Manguellatti s'est éteint au Caire à l'âge de 87 ans. Il fut enterré au cimetière de Qarafa aux côtés du linguiste kabyle Ibn Mouatti Zwawi (natif de Mékla) et du jurisconsulte, le maître de l'école Chafïte, l'imam el-Chafïi.
Feddag Nacer



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