Air Algérie prend du plomb dans l'aile

Air Algérie traverse une sévère zone de turbulences qui pourrait provoquer son crash si rien n'est fait pour redresser la compagnie nationale et lui fixer un nouveau cap stratégique. AA, qui affiche sur son fronton la devise d'une «compagnie résolument tournée vers la modernité», cache mal une entreprise qui prend du plomb dans l'aile.Sa réputation est sérieusement entamée en raison d'une gestion calamiteuse. Alors que ses relations avec ses clients se détériorent, la situation interne de l'entreprise gronde. Son patron, Mohamed-Salah Boultif, nommé en 2011, n'arrive toujours pas à doter la compagnie nationale d'une stratégie lui permettant une réelle modernisation. A-t-il les moyens de le faire ' Dispose-t-il d'une marge d'action pour mettre en place un plan de développement et garantir l'essor d'une entreprise plombée depuis des années 'Jusque-là, M. Boultif se limite à apporter des «remèdes» périphériques consistant à muter ou à limoger des responsables intermédiaires, masquant ainsi le problème de fond qui est celui de la gestion autonome, rigoureuse et rationnelle digne d'une entreprise économique moderne.Il faut rapidement sortir de la gestion de type «beylik» qui a caractérisé les sociétés publiques durant les années dites socialistes. «Une entreprise comme Air Algérie ne peut pas continuer à être gérée de manière hasardeuse. Il lui faut un statut particulier», préconise un ancien aiguilleur, fin connaisseur des méandres de la compagnie, qui signale que le mal qui la ronge «ne date pas d'aujourd'hui». Il estime que des «erreurs ont été commises par le gouvernement.Le crédit documentaire imposé dans le cadre de la loi de finances 2009, pour ne citer que cela, a été catastrophique pour la compagnie en matière de maintenance des appareils». Parmi les erreurs commises par les autorités publiques, «le départ volontaire rémunéré des cadres des entreprises nationales. Air Algérie a vu le départ de pas moins de 450 ingénieurs-mécaniciens partis faire les beaux jours des compagnies étrangères, du pays du Golfe notamment», révèle notre source. Une perte irremplaçable.Air Algérie souffre également et de manière endémique des «interventions et injonctions d'en haut» dans les nominations, les recrutements du personnel et les choix de l'entreprise, dont la transparence fait cruellement défaut. «Il faut être bien épaulé pour prétendre à un poste au sein d'Air Algérie. Il faut être le fils de? Si l'on examine de près la liste des employés, on trouve des noms qui reviennent souvent : ce sont eux qui font la pluie et le beau temps», témoigne un employé.Un ancien cadre de l'entreprise limogé évoque le nom du neveu du président de la République, qui exerce comme pilote de ligne. «Soufiane Bouteflika est un pilote qui a toujours son mot à dire. Il se comporte comme le chef», révèle ce cadre, qui décrit la maison Air Algérie comme un «b?» ! Il en veut pour preuve «les procédures de leasing qui sont de moins en moins encadrées». «Des pilotes, pendant leurs vacances, partent piloter pour le compte d'autres compagnies maghrébines», nous assure une source d'Air Algérie.Et d'ajouter : «Un broker (courtier) de nationalité tunisienne sert d'intermédiaire dans l'affrètement, alors que du temps de Wahid Bouabdellah, la compagnie traitait directement, sans intermédiaire, avec Boeing et Airbus pour l'affrètement.» En somme, Air Algérie, qui échappe à la crise financière grâce à la subvention de l'Etat ? l'exploitation affiche un déficit ? risque, au regard des perturbations et accidents à répétition, d'être blacklistée. De l'eau dans le kérosène d'Air Algérie '