La compagnie aérienne nationale a demandé à être recapitalisée pour
mettre en oeuvre la filialisation de certaines de ses activités sur fond d'un
programme de développement de son fonctionnement au sol et dans le ciel, avec
comme premier acquis le renforcement de sa flotte.
Le PDG d'Air Algérie s'est prêté hier au jeu des questions-réponses à
travers lequel il a dévoilé l'essentiel de la stratégie mise en branle pour
«mettre à niveau la compagnie» selon les exigences mondiales. «Nous avons demandé
une augmentation de capital que le gouvernement nous accordée», a affirmé hier
Wahid Bouabdellah au cercle militaire de Béni Messous où il présentait les
résultats financiers de l'exercice 2008 de la compagnie. Présentation qui s'est
faite devant les détenteurs d'obligations souscrites à l'emprunt levé par Air
Algérie entre 2004 et 2005. «L'opération d'emprunts obligataires qui sera
clôturée en 2010 a été menée de façon particulièrement satisfaisante. C'est une
valeur sûre pour les souscripteurs. Son remboursement a été fait aux échéances
prévues, en plus c'est un mode de financement particulièrement avantageux», a
fait savoir le PDG. Ce sont 41,6 milliards de dinars que la compagnie a ainsi
collectés pour l'achat de 14 avions avec un lot de moteurs et de pièces de
rechange. La première tranche de remboursement a été de 11,90 milliards DA en
principal et 5,6 autres en intérêts. Pour 2009-2011, la compagnie devra rendre
encore 29,71 milliards DA en principal et 3,30 autres en intérêts. «Les
performances d'Air Algérie permettront de solder les comptes aux échéances
prévues», a-t-il assuré. Les performances de la compagnie, Bouabdellah en note
beaucoup comme celle de la croissance de l'activité commerciale où il est
observé +9% dans le trafic passagers avec 3,2 millions de personnes dont 1,3
sur le réseau domestique, +10% de chiffres d'affaires (...). Un bénéfice net de
3 milliards DA soit une hausse de 42% avec en prime une structure financière
assainie de la compagnie et une certification de son système management de la
qualité selon ISO 9001. Et bien qu'Air Algérie affiche de «bons résultats»,
l'exercice 2008 (de janvier à août) a été beaucoup affecté par la hausse du
prix du kérosène. La facture a totalisé ainsi 24% des dépenses d'exploitation
en 2008 contre 14% en 2003. En plus, le PDG estime que «si en 2008, la
compagnie n'a pas été touchée directement par la crise financière, en 2009, il
est probable que ses effets en Europe auront des incidences négatives sur son
marché.»
Ceci étant dit, Bouabdellah a préféré parler hier du plan de
développement de la compagnie 2009-2014 validé le 5 juin dernier par un Conseil
interministériel (CIM) sanctionné par une circulaire exigeant l'extension de
son réseau par «une vision nationale intégrée et globale.»
Plan pour la mise en oeuvre duquel Air Algérie aura besoin d'investir
100,025 milliards de dinars. Parce que, dira Bouabdellah, «il faut réagir avec
la tête et avec la poche.» Pour cela, détaille-t-il, «j'ai besoin d'acheter 7
avions de 150 places et quatre autres de 70 places, j'ai donc besoin de 38
milliards DA pour acquérir les premiers et 9,5 milliards autres pour avoir les
seconds.» Il compte en acquérir au moins deux «d'ici à la fin 2009.» D'autres
exigences financières «pour l'aménagement des cabines, il faut 3,449 milliards
DA, deux avions cargos pour 10 milliards (...) pour l'activité handing, il faut
3,6 milliards (...)», a-t-il donné comme exemples. Il prévient que pour mettre
en oeuvre le plan de développement, «il faut réduire nos coûts et rationaliser
nos moyens.» Et pour ce faire, Air Algérie devra réussir en premier la
reconfiguration de son réseau par une plus grande utilisation de ses appareils
de façon plus économique. Il est question d'améliorer la productivité par une
orientation du personnel de «producteur» vers une orientation plus «services».
«On est en train de reconstruire tous nos ateliers du point de vue humain. La
productivité humaine est le chantier le plus difficile. On s'est rendus compte
qu'on a délaissé nos personnels», a-t-il reconnu. Et «bien que rajeunie, la
flotte est peu rationnelle, elle est très hétérogène, à part le Boeing 737, les
autres types sont largement au-dessus du seuil d'homogénéité, les coûts
d'exploitation sont très élevés et desservir 70 destinations, c'est très pesant»,
explique Bouabdellah. Il estime qu'il faut donc «standardiser plus la flotte.»
Les gros porteurs, la compagnie va devoir les affréter à des tiers ou alors les
vendre. La filialisation est cette autre entreprise qu'Air Algérie tient à
mener à bien après l'avoir décidé depuis quelques années. «Les activités sont
des filiales avec leur conseil d'administration depuis longtemps mais ça n'a
jamais connu d'effet», a dit le PDG. Les premières activités visées par une
filialisation effective «le catering, ça coûte très, très cher, on est la seule
compagnie à donner à bord du frais, le surgelé est aussi bon», dit Bouabdellah.
Et la maintenance «c'est de l'or en barre, il faut que ceux qui la font gagnent
parce que tout va à la compagnie mère», explique-t-il pour préciser «on ne
privatise pas parce qu'on a tellement investi dedans qu'on ne veut pas que ça
profite à d'autres. Il faut une injection d'expertise additionnelle pour
élargir son périmètre d'action aux clients extérieurs.» Il rappelle, déçu,
«qu'on a perdu 400 personnes par des départs volontaires, nos meilleurs
techniciens !» La filière fret est aussi à filialiser. «On va créer une filiale
cargo avec un capital social et un partenaire», dit-il. L'activité handing
(assistance aux avions dans les escales) sera aussi filialisée, «c'est en train
de se constituer, il faut absolument que le handing devienne autonome le tout
dans deux ou trois ans». La recapitalisation d'Air Algérie par l'Etat est
souhaitée, dira son PDG, à hauteur de «26 ou 28 milliards DA pour faire face à
la filialisation, on ne va pas brader nos filiales.» Il reconnaît que «nos
syndicats rechignent sur le mot filialisation mais avec une concertation plus
rationnelle, on aboutira.» Par contre, note le PDG, «la filiale lignes
intérieures, il n'est pas question de la faire. S'il y a lieu, c'est avec
Tassili Air lines. Il affirme qu'«on va redéfinir le ciel algérien en
partenariat et en synergie.» Air Algérie, fait-il savoir, «est à la recherche
d'une plate-forme de correspondances à l'aéroport, c'est ce qu'on appelle Hub
qui permet aux passagers de changer rapidement et facilement de vol.» Le Hub
«ça nous fait gagner du temps et de l'argent», dit-il.
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Posté Le : 18/06/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : G O
Source : www.lequotidien-oran.com