Algérie

Ainsi va le sous-développementAu prétoire



Ainsi va le sous-développementAu prétoire
On répète un peu trop souvent, comme si l'on n'y croyait pas beaucoup soi-même, que la justice est rendue au nom du peuple. En fait, c'est encore là un autre de ces slogans éculés, vidés de leur substance. Car s'il y a bien quelqu'un qu'on traite par-dessus la jambe dans ces lieux d'iniquité que sont nos tribunaux, c'est bien la «populace».Sous prétexte de ne pas saturer les salles d'audience, l'entrée est aujourd'hui filtrée par des plantons et des policiers qui peuvent vous interdire l'accès parce que votre tête ne leur revient pas. Ne vous risquez pas à insister et réclamer votre droit constitutionnel d'assister à une audience, vous pourriez être inculpé d'outrage... à magistrat. Il y a même eu, à Tébessa, un cas de procès de policiers impliqués dans une grosse affaire de drogue dont l'entrée a été interdite au public. Une sorte de procès à huis clos qui ne dit pas son nom. Il a fallu qu'un journaliste fasse un esclandre pour que les citoyens soient admis, mais juste pour entendre le président de séance renvoyer le procès à une date ultérieure, comme s'il y avait trop de témoins.
Lorsque les procès sont en cours, l'assistance, censée être, par sa présence, le garant de leur bon déroulement, n'entend rien du tout. C'est vraiment la messe basse entre les juges, le ministère public et la défense. Même ceux du premier rang doivent se contenter de deviner ce qui se dit. Les chroniqueurs judiciaires doivent développer des montagnes d'attention pour faire leur travail. Les équipements de sonorisation qui ont été installés dans presque toutes les salles d'audience ne fonctionnent pas et ne sont jamais réparés. Sabotage délibéré '
La mine des magistrats et du représentant du ministère public est toujours renfrognée. Comme si le reste de l'humanité, qui se trouve en dessous de leurs pieds et sur lequel ils jettent des regards de mépris, du haut de leurs chaires, n'était composé que de criminels. Ils sont suffisants et pleins de morgue.
Ils jettent l'effroi dans le c'ur de ceux qui comparaissent devant eux, toujours les mains derrière le dos, la voix chevrotante et les yeux baissés.
La loi a conféré aux magistrats des attributs, des distinctions protocolaires et des symboles pour les investir du respect dû à leurs charges et leur permettre ainsi de rendre la justice en toute sérénité et avec toute la puissance publique. Cela a été malheureusement dévoyé. Ceux de ces magistrats qui oublient qu'ils rendent la justice au nom du peuple et qui l'écrasent de leur mépris, devraient plutôt méditer sur le sens de l'honneur et de l'intégrité morale.


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