Algérie

Ainsi va le sous-d'veloppementSavez-vous planter des clous '



Ainsi va le sous-d'veloppementSavez-vous planter des clous '
L'étranger, en visite dans notre pays, est stupéfait par cette facilité qu'ont les piétons à se faufiler entre les voitures sans être heurtés, ni même effleurés par tous ces bolides qui zigzaguent et roulent à tombeau ouvert. Des centaines de véhicules et des milliers de piétons s'évitant les uns les autres avec un art consommé de l'esquive, dans une scène qui ressemble, à s'y méprendre, à un film de dessins animés. C'est là le fruit d'une longue expérience qui consiste à marcher sur la chaussée et à éviter scrupuleusement de déambuler sur les trottoirs et surtout d'éviter de traverser dans les clous, comme on dit, car c'est là le seul endroit vraiment dangereux et où vous risquez de vous faire écraser à tous les coups.Oui, c'est vrai, il a fallu à la race piétonne faire d'immenses sacrifices en morts et en estropiés, mais le résultat est là et nos chers piétons sont aujourd'hui chez eux, en pleine rue, toutes les rues, même celles à grande circulation et à double sens, où les passerelles piétonnes sont superbement ignorées.
C'est pour cela que tout le monde est unanime à dire que les municipalités seraient bien avisées de dépenser leur bon argent autrement que de le jeter par les fenêtres en dessinant des bandes de peinture sur la chaussée ou en y plantant de gros clous. Il ne sert à rien de réaliser des passages pour piétons, puisque ceux-ci ont gagné de haute lutte le droit de traverser à n'importe quel endroit. D'ailleurs, les «passages cloutés» sont l'emplacement préféré des automobilistes pour se garer. Remarquez bien que quand les feux rouges s'allument et que la présence de monsieur l'agent fait que les automobilistes n'ont d'autre choix que de s'y arrêter, les premiers de la file freinent pile en plein passage piéton et personne n'y voit le moindre mal, même pas le gentil policier. Ni d'ailleurs les piétons.
Si vous voulez vous convaincre que cette liberté chèrement conquise de traverser hors de ces bandes infamantes est une pratique civilisatrice et surtout salvatrice, demandez à consulter les statistiques des piétons écrasés en plein «passages cloutés» ! Vous seriez étonnés, mais surtout définitivement dissuadés de les emprunter. Comme tout le monde, quoi !...


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