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Ainsi va la vie Le divorce de Youcef (1re partie)



Retrouvailles - Les deux vieux se regardent en souriant, visiblement heureux de se rencontrer.
C'est lundi. L'activité bat son plein à Souk El-Tenine d'El-Milia. Les sacs de jute pleins à craquer de blé, d'orge, de maïs remplissent le marché. Au fond, contre un vieux mur de briques lézardé, des centaines de bêtes sont parquées : vaches, b'ufs, moutons et chèvres. Par la chaleur de ce plein été, quelques mules à la robe humide de sueur tirent de temps à autres sur leur licou attaché à une barrière de bois, piaffant d'impatience, énervées par les grosses mouches qui se posent de temps à autre sur leurs nasaux.
Les maquignons, dans leur kachabia de laine écrue malgré la chaleur, les pieds chaussés de vieux souliers éculés, une branche d'olivier à la main en guise de fouet, discutent entre eux, guettant les clients.
Les paysans s'affairent autour des sacs de céréales, remplissant sans cesse des boisseaux pour mesurer leur marchandise qu'ils reversent dans les couffins des clients.
Le marchand de pain, denrée de luxe pour ces gens habitués aux galettes d'orge, range sur un étal de fortune, de belles miches dorées, enfarinées, que lui achèteront les plus fortunés. Hocine se promène dans les allées, lançant des regards à droite et à gauche, sans aucune intention réelle d'acheter quoi que ce soit. C'est le boulanger du village et ses terres situées dans la riche région du T'har qui lui procurent tout ce dont il a besoin pour vivre. Ses trois fils y travaillent du matin au soir, et il est considéré dans ce village où règne la pauvreté, comme un homme aisé. Même les colons n'ont pas touché à toutes ses terres. Bien sûr, ils avaient confisqué la partie située derrière oued El-Kebir, mais lui avaient laissé de grandes parcelles bordées de figuiers de Barbarie (hindi), derrière sa maison, et qui lui rapportaient de quoi vivre décemment.
' Sabah el-kheir, Allaoua !
Les deux vieux se regardent en souriant, visiblement heureux de se retrouver. Allaoua, le père de Zheïra, la bru de Hocine, dépose son lourd couffin sur le sol et croise les bras sur sa poitrine.
' Comment va la maison ' demande-t-il.
' Bien, Dieu soit loué ! Et la tienne ' Tout en parlant, ils se détaillent du regard. «Il a encore grossi», pense Allaoua, envieux de la bonne santé de Hocine qui, malgré ses soixante-dix ans, garde un corps vigoureux et droit.
' Tiens, allons un peu à l'écart, je voudrais justement te parler, dit ce dernier.
Allaoua prend son couffin, et ils s'isolent sous un olivier rabougri.
' Assieds-toi, lui dit Hocine.
' Kheir ' Répond Allaoua. Zheïra a-t-elle quelque chose ' Que lui est-il arrivé ' Le père est inquiet. (A suivre...)


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