Algérie

Ainsi va la vie Traquenard mortel (2e partie et fin)



Ainsi va la vie                                    Traquenard mortel (2e partie et fin)
Résumé de la 1re partie - Informé par son oncle de l'infidélité de sa femme, Mahmoud se poste, à la nuit tombée, dans les buissons pour la surveiller.
Il était seize heures. Le bus qu'il devait prendre ne passait qu'une heure plus tard. Il fit mine de se diriger vers la grande route sans même se retourner. Assuré qu'il était hors de portée de vue de quiconque, il prit un petit chemin détourné à travers les bois et se rendit immédiatement dans une fermette appartenant à son frère aîné. Là, il se dirigea vers la grande chambre des invités, dont il possédait un double des clés, et s'empara d'un fusil de chasse à canons superposés qui était remisé dans une grande armoire. Son neveu, sans doute alerté par les femmes de la ferme, vint s'enquérir des raisons de cette hâte. Mahmoud, plus calme que jamais, dissipa les craintes légitimes du jeune homme en arguant d'une expertise qu'il devait faire effectuer sur l'arme afin de lui établir un document officiel. Animé d'une maîtrise insoupçonné de lui-même, il trouva même le moyen de rire de l'inquiétude de ses proches. Ceux-ci, rassérénés, lui offrirent de manger un bout avant de prendre la route, ce à quoi il répondit, toujours sur le ton de la plaisanterie : «Yasmina me gave suffisamment, je vous remercie. Pourvu que j'aie la force de la récompenser à la mesure de ses bienfaits !» Le jeune homme et les deux femmes qui se trouvaient à ses côtés au moment où Mahmoud quittait les lieux de son pas pesant, étaient loin, mais alors très loin de comprendre le sens de ces paroles... Les heures avaient paru s'éterniser entre l'instant où il avait mis une distance entre la ferme de son frère et lui-même. Il a fallu attendre longtemps, submergé par le flot des pensées les plus folles sur son passé, son présent, avant que la nuit ne tombe. Il était-là, tapi dans l'ombre, à moins de quinze mètres de son domicile. Le bruit de vaisselle qui l'avait fait sursauter n'était, en fin de compte, que le résultat d'un petit accident domestique survenu sans doute au moment de la lessive. Le silence avait enveloppé de nouveau la campagne entière et Mahmoud n'en pouvait plus de fixer le portail et la fenêtre, déçu et ravi à la fois que rien ne se soit passé. Il devait être vingt-trois heures trente - minuit lorsqu'un bruit de pas se fit entendre au loin. Plus les pas se rapprochaient, plus la gorge de Mahmoud se nouait, son c'ur battait la chamade. Il fut comme paniqué à l'idée que l'heure de vérité avait sonné et il en tremblait de tous ses membres, sans retenue. La silhouette d'un homme de grande taille se dessinait nettement devant la clôture de la maison, maintenant. Bien que nauséeux, Mahmoud s'efforça de retenir son souffle, comme s'il avait peur d'éveiller les soupçons de l'homme qui grattait la porte du bout de ses ongles pour qu'on lui ouvre. Le pan de bois s'entrouvrit et Mahmoud vit Yasmina se pencher à l'extérieur et faire signe à l'homme d'entrer après avoir pris soin de regarder à droite puis à gauche : ce qu'il fit d'un pas décidé. Mahmoud, en proie à une rage dévastatrice et incapable de contrôler le moindre de ses mouvements, se saisit de son arme et dévala en courant le talus, fracassant au passage le mince panneau de bois qui servait de porte. Il fit irruption dans la pièce où se trouvaient Yasmina et son compagnon. Surpris par la soudaineté des événements, ils n'eurent que le temps de porter un regard effrayé vers l'homme qui se trouvait juste dernière eux, un fusil à bout de bras. Peut être avaient-ils pu le reconnaître avant que les flammes ne jaillissent de l'arme dans un bruit assourdissant. Mahmoud avait tiré par deux fois, sans prononcer un seul mot. Les yeux perdus et les bras ballants, il se tenait au-dessus des corps de Yasmina et de l'homme. C'est à peine s'il entendait les cris et les pleurs de ses enfants que les explosions avaient réveillés en sursaut...


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