Algérie

Ainsi va la vie



Ainsi va la vie
Vécu n Dès que Sonia fut descendue du bus, elle releva le col de son manteau noir et pressa le pas.Il fallait se dépêcher, car les griffades du froid, ce matin-là, étaient si glaciales, si cruelles qu'elles s'enfonçaient jusqu'au plus profond des entrailles. En parcourant les cent mètres séparant la station d'autobus, où elle était descendue, de la boutique de prêt-à-porter où elle travaillait, elle se félicita d'avoir eu la très bonne idée d'enfiler son jeans. Sans cela, ses pauvres jambes auraient certainement souffert le martyre.Au bout de quelques minutes, elle arriva en vue de la boutique et son visage s'éclaira d'un sourire : Houria était déjà là. Elle avait même ouvert le rideau sans l'attendre. C'était certainement le froid qui l'avait incitée à soulever toute seule la gigantesque masse métallique. Elle franchit le seuil du magasin et elle eut un haut-le-corps si violent qu'elle ne put s'empêcher de pousser un petit cri de surprise. Ce n'était pas Houria qui se trouvait à l'intérieur, mais M. Tahar, le patron. Il était en train de mettre de l'ordre sur une étagère, mais dès qu'il l'eut entendu entrer, il leva la tête et lui sourit- Ah?! Bonjour Sonia !- Euh... b... bonjour, M.Tahar ? Houria n'est pas encore arrivée '- Non, répondit-il sèchement avant de reprendre son occupation.Puis, comme s'il avait un peu réfléchi, il ajouta sans se retourner :- Elle ne viendra pas.- Elle ne viendra pas '- Elle ne viendra plus?Elle a décidé de nous quitter. Je crois qu'elle a trouvé un autre travail... Un travail, semble-t-il, moins contraignant et mieux rémunéré.M.Tahar parlait sans regarder Sonia, comme s'il avait quelque chose à se reprocher. Comme s'il avait peur que les traits de son visage trahissent quelque mauvaise intention ou quelque répréhensible acte dont il se serait rendu coupable, pensa la jeune vendeuse de vingt-quatre ans. D'habitude, quand il parlait, il fixait toujours ses interlocuteurs. Sonia n'eut pas à se triturer l'esprit trop longtemps pour deviner ce qui avait dû se passer.Si Houria avait quitté son travail, c'était sans aucun doute pour fuir les harcèlements de son patron ! Si elle avait trouvé un autre emploi, elle n'aurait pas manqué de le lui faire savoir. Par contre, elle lui avait confié plus d'une fois qu'elle rendrait le tablier sur le champ, sans même prendre son dû, s'il le fallait, plutôt que de se plier aux caprices bestiaux d'un vieux schnock.A suivre?


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