Algérie

Aïn-Témouchent : Terre d’artistes



Considéré comme l’une des sommités du chi’îr el melhoun, le parcours de Hadj Khaled Belbey reste méconnu des profanes. Né en 1850 à Oued-Sebbah (commune mixte d'Ain-Temouchent), Khaled Belbey était un poète populaire et soufi dont le style était proche du genre fassih (classique). Epris de savoir, il effectue, après son pèlerinage à la Mecque, un séjour à Damas puis à Baghdad afin d’approfondir ses connaissances. De retour dans sa ville natale, il entreprend dès 1910 l’enseignement du Saint Coran mais il se lance également dans l'écriture de poèmes au style épuré et au vocabulaire recherché. Des poèmes qui feront sa large réputation, même après sa mort survenue le 1er mai 1914 à Ain-Temouchent.  Il faut savoir que Blaoui El Houari a composé et chanté l’un de ses poèmes, tandis que le regretté Abdelkader Alloula préparait un travail sur ce grand poète, malheureusement le projet restera inachevé, le dramaturge ayant été happé par la mort.

 

Bellemou, « père du raï moderne »

Né en 1947 à Ain-Temouchent, Messaoud Bellemou est un raïman dont l’intérêt pour la musique a commencé à se manifester vers l’âge de 10 ans, avec une exécution quasi parfaite de morceaux musicaux au clairon. Henri Coutan décèlera en lui les qualités d’un futur grand trompettiste. Durant la guerre de libération nationale et au lendemain de l’indépendance, le jeune homme continue à apprendre sur le tas, s’engageant dans la voie du raï, style propre à la région, avec la flûte, le guellal et la percussion longiligne. Il assistait aux cérémonies et qaâdate dans tout l’Oranie pour écouter les cheikhs et cheikhate du raï traditionnel, à l’image de Cheikha Ouachma, Cheikha Bekhta ou Cheikh Brahim.

Bellemou

 

Bellemou et sa troupe

Vers l’âge de 18 ans – et alors qu’il a atteint une belle maîtrise de son instrument –, il décide de remplacer la flûte, considérée comme l'âme du raï, par la trompette. De 1964 à 1968, il reprend avec son instrument des morceaux du blues oranais. C’est la naissance du pop-raï. Bellemou, qui commence à se faire doucement connaître, sillonne toute la région du sud-ouest oranais malheureusement sa petite « révolution » musicale n’accroche pas tous les mélomanes.  Mais il ne baisse pas pour autant les bras, convaincu qu’il parviendra à rallier d’autres musiciens à sa cause. Il recrute des musiciens, en l’occurrence Hamani Hadjoum et Younès Benfissa. Il enregistre un premier album qui sort en 1973 et Sidi H’bibi figurera parmi les premiers succès. L’opus sera suivi de beaucoup d’autres. Bellemou finira par faire des émules dont Khaled, Cheb El-Hindi, Cheba Fadéla, Cheb Sahraoui, Cheb Hamid et on en oublie encore. Digne héritier de ses aînés, Nasreddine Souidi, plus connu sous son nom d’artiste Cheb Nasro, est également natif d'Ain-Temouchent. Il y a vu le jour en 1969. Ayant grandi à Oran, la capitale, il ne pouvait qu’être épris par cette musique qu’il découvrira très jeune et dont il commencera à interpréter des morceaux durant la période du lycée. Encouragé par son voisin, le célèbre chanteur de raï de l'époque Cheb Zehouani, Nasro entreprend de chanter dans les cérémonies familiales avant d’envisager une carrière un peu plus professionnelle. Enregistrant son premier album à l’âge de 18 ans, suivi de plusieurs autres, le public se rallie de plus en plus autour de son style sentimental. 

Cheb NESRO

Influencé par Bellemou, il continuera à proposer un raï qui plaît beaucoup au public. Installé depuis le début des années 2000 aux Etats-Unis, il continue à faire des apparitions épisodiques sur scène.  Hassina Amrouni




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