Le problème de l'étranglement de la passe
du port de Bouzedjar par le phénomène de l'envasement se pose avec acuité
présentement et empêche des bateaux de pêche d'un certain tonnage de prendre le
large pour exercer le métier de tous les risques. «On va tous cesser l'activité
et la situation est devenue insoutenable et insupportable», porte à notre
connaissance un vieux pêcheur qui tire la sonnette d'alarme à son plus haut
niveau. L'intervention du directeur de la pêche de la wilaya de Aïn Témouchent
lors de la session plénière de l'APW, lundi passé, n'a pas abordé la
problématique de l'envasement de la passe du port de Bouzedjar qui, selon le
vieux pêcheur, si elle vient à perdurer, les pêcheurs ne seront plus en mesure
de sortir.
D'ailleurs ce dernier a évoqué que plusieurs armateurs ont subi
des pertes ces derniers temps lorsqu'ils étaient de retour et au moment où ils
devaient entrer au port pour accoster. L'on comprend maintenant pourquoi la
production a chuté de 2008 à 2009 d'un millier de tonnes durant les deux
exercices de référence. L'on prend ces données à titre indicatif dans la mesure
où on n'a pas d'autres sources pouvant les infirmer ou les confirmer. Mais la
baisse de la production ce n'est pas uniquement le fait que le poisson bleu est
migrateur, comme l'a souligné le directeur de wilaya chargé de la pêche et des
ressources halieutiques, mais il réside aussi dans le fait que le parc pêcheur
est constitué d'embarcations vétustes et que le taux d'immobilisation est un
facteur important qui contribue à la baisse de la production. Sur ce point-là,
le directeur de la pêche a mentionné le problème de la pièce de rechange qui
est importée de l'étranger et dont certains pêcheurs ne sont pas en mesure de
l'acquérir faute de moyens financiers, semble-t-il. A la longue, beaucoup de
gens de mer, désespérés et ne voyant pas leurs doléances aboutir, ont carrément
vendu leurs bateaux et changé d'activités, a révélé le directeur de la pêche.
Revenant à la hausse vertigineuse des prix du poisson bleu, l'autorité de la
pêche a souligné que ce n'est pas uniquement son secteur qui est touché par
cette fièvre mais c'est un phénomène observé partout ailleurs.
Abordant la pêcherie du port de Bouzedjar, le directeur de la
pêche a laissé entendre que certains gens de mer (détenteurs de pouvoir) sont,
dirait-on, contre la modernisation de la halle aux poissons alors que cette
dernière est obsolète et nécessite de tels aménagements. La politique prônée
par le ministère dès l'année 2003 est de relancer le secteur, le développer, le
moderniser afin que le citoyen puisse manger le poisson qui, aux yeux de ce
dernier, demeure la protéine de remplacement de la viande rouge ou blanche.
Aujourd'hui, le poisson bleu a grimpé sans limite. Il est plus
cher que la banane qui arrive de si loin de la Côte d'Ivoire et d'autres
contrées. Le poisson bleu est-il devenu rare dans les zones pêchables
traditionnelles de la wilaya de Aïn Témouchent ou bien les études faites ces
dernières années ont surestimé la biomasse ? Une question qui en dit long et
qui interpelle encore une fois ceux qui ont malmené la politique de
développement de la pêche et des ressources halieutiques et de l'aquaculture.
Et en dernier lieu le poisson bleu n'est pas intercepté au large par les
détenteurs des gros bateaux de pêche équipés pour pêcher à longueur d'année
sans craindre le mauvais temps, un alibi évoqué par les responsables et les
armateurs.
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Posté Le : 03/04/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Belhadri Boualem
Source : www.lequotidien-oran.com