Algérie

Aïn Témouchent - L’Itmas, un institut qui ne forme pas de futurs chômeurs



Aïn Témouchent - L’Itmas, un institut qui ne forme pas de futurs chômeurs




Cet établissement forme des techniciens moyens et des adjoints techniques, c’est-à-dire des ouvriers agricoles spécialisés.

Tous les candidats sont acceptés, sauf ceux qui ont suivi les filières langues et Lettres «parce qu’on travaille sur le vivant», explique Boudieb Fatima Zohra, la directrice pédagogique. L’admission se fait sur concours, les places étant limitées à 80, l’établissement ayant réservé 80 autres à la formation continue. Pour ce qui est des techniciens, ils doivent avoir le baccalauréat ou justifier du niveau de la terminale, alors que les ouvriers spécialisés doivent avoir le niveau de 4e AM.

L’Itmas de Témouchent est spécialisé en viticulture et arboriculture, chacun des douze Itmas du pays l’étant dans une filière.

Cette spécialisation intervient en 2e année d’étude des techniciens, la première année étant un tronc commun dispensé par tous les Itmas, ce qui fait qu’à la fin de la première année, les étudiants sont orientés vers un autre institut correspondant à la spécialité choisie. Il est cependant une particularité apparue récemment dans la qualité des candidats: leurs parents ont tous une relation directe avec la terre, à l’instar du fils du directeur des services agricoles.

Cette réorientation du recrutement s’est imposée d’elle-même. Elle a fait que l’école d’agriculture de Témouchent est revenue à sa vocation première comme l’avaient décidé les colons qui en avaient réclamé la création, celle d’être au service direct de l’agriculture par la formation de leurs enfants. C’est en 1929 qu’elle a été fondée sous la forme d’une ferme-école sur 120 ha, à 2 km de la ville.

Par ailleurs, on a constaté qu’en ce qui concerne la formation continue, celle-ci trouve un engouement certain chez beaucoup d’agriculteurs ou des jeunes dont les parents sont également dans le secteur. Ils viennent pour une formation de courte durée afin de décrocher un certificat qui leur permettra d’obtenir un prêt au titre d’un dispositif à l’emploi (Ansej, CNAC).

En outre, la formation donnée aux agriculteurs se fait en plusieurs sessions de deux à trois jours, étalées d’octobre à juin, les stagiaires ne pouvant se libérer de leurs exploitations qu’épisodiquement.

Paradoxalement, pour la formation initiale, l’Etat n’accorde que 70 DA/jour par étudiant pour sa nourriture, même pas de quoi acheter un casse-croûte, alors que pour la formation continue, il débourse 2000 DA, ce qui permet d’améliorer l’ordinaire des étudiants.

L’autre handicap que connaît l’école, ce sont les logements de fonction, toujours occupés par des retraités dont les demandes de relogement ont été ignorées par les autorités sur des décennies.

L’une d’elles date de 1979 ! Du coup, ce sont trois générations qui s’y entassent, parents, enfants et petits-enfants, ces derniers commettant des chapardages dépréciateurs des récoltes alors que les parents ont installé des «zribas» (enclos) pour élever des ovins et des caprins tout aussi dévastateurs lorsqu’ils sont lâchés au milieu des cultures.

Pis, les autorités n’ont pas trouvé mieux, parce que le quota de logements sociaux est insuffisant pour satisfaire la demande que de réaliser des logements ruraux contigus à l’Itmas.

Photo: L’Institut technologique moyen agricole spécialisé

Mohamed Kali



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