Epoustouflant Jahid dans El Moutamerded
Pour sa vingtième représentation, El Moutamerded a été donné à la maison de la culture de Aïn Témouchent. Le public est sorti conquis de ce monologue écrit, interprété et mis en scène par Dine Hanani Jahid. Le titre, un drôle de néologisme se traduisant textuellement par « l?emmerdé », en révélait dès l?abord la charge tragi-comique. Partant de cet indice, et pour celui qui avait assisté à la représentation du précédent monologue de Jahid, il ne pouvait que s?agir d?une suite donnée à El moun?arej (le virage) qui avait séduit à Témouchent. Si Le virage raconte de façon désopilante les hallucinantes pérégrinations d?un individu né dans l?Algérie des vingt à trente dernières années, dans une tranche allant de sa naissance à sa vie d?étudiant, dans El Moutamerded, Jahid y revient en accéléré dans un premier tableau avant de faire affronter à son personnage les vicissitudes de la vie d?homme, une vie handicapée par toutes sortes de barrières des plus futiles aux plus cruelles. Cela se traduit par une satire sociale et politique d?une rare pertinence. Et même si l?on reste dans la lignée d?un théâtre constat qui n?a pas trop fleuri sur les scènes nationales, le spectacle arrive à éviter le piège du déjà dit et d?un discours pesamment réducteur grâce à la finesse et la hardiesse dans le reflet que la pièce projette d?une société minée par les contradictions. De la sorte, et en outre grâce à une efficace structuration dramatique du récit, Jahid confirme ses talents d?auteur dramatique. Il démontre également ceux de metteur en scène d?un théâtre minimaliste à l?extrême dans sa scénographie. En effet, il ne s?accorde en tant qu?interprète qu?une chaise pour accessoire, reconduisant sa prestation dans Le virage, dans lequel son personnage ne disposait que d?une gabardine pour donner l?illusion d?espaces et d?objets divers. La mise en scène est aérée grâce à un accompagnement musical et à des silences qui faisaient défaut dans El moun?arej. Quant au jeu du comédien qu?est Jahid, il est toute intelligence et sensibilité. Cela est peut-être prématuré de l?affirmer, mais pour celui qui connaît le parcours artistique de Dine Hanani Jahid durant la décennie écoulée, une décennie qui l?avait vu commencer à s?épanouir dans l?exercice du 4e art, il apparaît évident que cet homme de théâtre va compter dans le devenir de l?art des tréteaux en Algérie.
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Posté Le : 15/10/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : M. Kali
Source : www.elwatan.com